Pacte responsabilité : 250 000 emplois détruits ?

Anne-Sophie Jacques - - 0 commentaires

C’est un rapport de rapporteure qui fait tâche :

Valérie Rabault, députée PS et rapporteure du budget à l’Assemblée nationale, a remis ce week-end son rapport sur les incidences du pacte de responsabilité qui prévoit 50 milliards d’économies. Conclusion de la députée citée par Les Echos: ce plan d'économies "aurait un impact négatif sur la croissance de 0,7 % par an en moyenne entre 2015 et 2017, et pourrait entraîner la suppression de 250 000 emplois à l'horizon 2017". Voilà qui ne va pas aider la courbe du chômage à s’inverser. Mais Rabault ne voit pas tout en noir : ce pacte pourrait aussi avoir des effets positifs, à savoir "rehausser la croissance de 0,6 point et créer 190 000 emplois", toujours d'ici à 2017. Reste que le pacte – si on s’amuse au différentiel – pourrait détruire 60000 emplois.

Réplique immédiate du ministre des finances Michel Sapin sur France Info ce matin : ces chiffres ne sont pas valables puisque basés sur des "calculs en chambre". "Ce n'est pas Valérie Rabault qui a fait les calculs, dit-il, ce sont un certain nombre d'économistes qui font des calculs de cette nature qui sont des calculs complètement en chambre, des calculs extrêmement théoriques". Avant d’ajouter que Rabault s’est appuyée sur "une évaluation de la Direction générale du Trésor qui se fonde sur des hypothèses de ce que pouvait être le plan d'économies", hypothèses réalisées mi-janvier. Depuis, précise-t-il, le plan a été "affiné" pour minimiser l'impact sur l'emploi. Entre temps, donc, les économistes sont sortis de leur chambre.

Pour la petite histoire, Rabault s’est déjà fait remarquer ce mois-ci avec sa visite surprise à Bercy dans l’espoir de récupérer, notamment, des informations sur l’impact du pacte de responsabilité. Selon Le Nouvel Obs, le ministre du budget, Christian Eckert, tardait à lui communiquer ces éléments, sans explication convaincante. Etonnant lorsqu’on se souvient que le ministre est l’ancien rapporteur du budget auquel Rabault a succédé… Faut croire que le rapporteur, une fois à Bercy, n'a plus très envie de rapporter.

>> L’occasion de relire la chronique sur ce pacte qui divise même les keynésiens. Ou même ce portrait de Christian Eckert à l’époque où il était encore rapporteur.

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