Occupy Wall Street surmédiatisé (Le Monde)

Gilles Klein - - 0 commentaires

"A lire la presse américaine, on a l'impression que la révolution est proche et que la planète va bientôt succomber à une déferlante "peace and love" digne des années 1970. Le mouvement Occupy Wall Street«s'étend», nous dit-on"remarque, sur son blog, Corinne Lesnes, la correspondante du Monde aux USA.

"La presse est à la fête. Occupy Wall Street est dans toutes les pages. La section News, bien sûr, mais aussi Style (pour la créativité des pancartes), Art ("quel logo" pour le mouvement ?), Opinion ("La gauche déclare son indépendance", analyse le sociologue Todd Gitlin). Jamais les manifestations contre la guerre en Irak, même celle de 100 000 personnes en 2003, n'ont bénéficié d'un traitement comme celui-là."

"Bizarrement, la presse ne s'attarde jamais sur le nombre de manifestants. (...) Le 15 octobre, Nate Silver, du Washington Post, a épluché les journaux locaux et les données disponibles: il en a déduit que les participants à la manifestation internationale n'étaient pas plus de 70 000 dans 150 villes."

Petite erreur de Lesnes, Silver est un statisticien qui a un blog sur le site du New York Timesoù il a publié un billet consacré au nombre de manifestants le 17 octobre.

"C'est peu compte tenu de la publicité autour du mouvement. Dès sa deuxième manifestation anti-impôts, en avril 2009, le Tea Party avait rassemblé 500 000 personnes" ajoute Lesnes.

"Les indignés sont dans l'air du temps. Ils ne sont pas nombreux dans les sacs de couchage de Freedom Plaza, à Washington, mais ils ont trouvé un écho disproportionné dans le paysage politique. Selon un sondage deTime Magazine, 54 % des Américains ont une opinion positive du mouvement."

"Obama s'est gardé de surfer ostensiblement sur le mouvement. Il s'est contenté de dire qu'il" comprend la frustration"des protestataires (...) Pour Wall Street, c'est probablement déjà trop. Le secteur financier qui l'avait soutenu en 2008 a maintenant les yeux tournés vers le républicain Mitt Romney. "Les démocrates ne peuvent pas avoir le beurre et l'argent du beurre", a résumé Politico.com." conclut Lesnes.

Lire aussi, sur ce sujet, la chronique de Daniel Schneidermann, et notre dossier Indignons-nous.


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