Obs : les Chinois ont de grandes oreilles (comme les autres)

Sébastien Rochat - - 0 commentaires


Les Chinois nous écoutent. C'est le scoop de L'Obs, qui a découvert des paraboles en banlieue parisienne dans une annexe de l'ambassade de Chine. Mais attention à la couverture choc et aux doubles pages de l'enquête, car il ne fallait pas louper l'encadré rouge (de circonstance) qui relativisait le scoop.



Révélations à la une de L'Obs : "Comment la Chine nous écoute". Et la réponse est dans la couv : manifestement, c'est avec un casque que le président chinois, Xi Jinping, suit nos conversations :


En page intérieure, on apprend que depuis trois ou quatre ans, les Chinois ont installé des paraboles dans une annexe dans l'ambassade, située à Chevilly-Larue (Val-de-Marne). Officiellement, "les antennes sont pour la communication", prétend l'attachée de presse de la représentation chinoise à Paris, interrogée par L'Obs. En fait de communication, il s'agirait plutôt d'écoutes.

Photographie (avec légendes à l'appui), L'Obs révèle que ces paraboles servent à intercepter les conversations transitant par plusieurs satellites de communication, vraisemblablement pour des motifs d'espionnage économique. Territoires probablement visés par les deux premières paraboles : l'Afrique, une partie de l'Amérique latine et le Moyen-Orient. La troisième parabole servirait à renvoyer ces données vers la Chine.



Effet garanti dans le reste de la presse : "La Chine soupçonnée d'espionner la France depuis... le Val-de-Marne"(MetroNews), "La Chine disposerait d'un centre d'écoute satellitaire en France"(Le Figaro), "Un centre chinois d'espionnage près de Paris ?"(Le Point).

Certes, on ne connaissait pas l'existence de ce centre d'écoutes. "Un système aussi visible et aussi facile à détecter, ça c'est surprenant", a commenté sur France inter un professeur à l'école de guerre économique à Paris. Mais l'espionnage en lui-même n'est pas un scoop. Tous les pays ont de grandes oreilles. C'est ce que précise L'Obs dans un encadré rouge qu'il ne fallait pas louper : "Les Chinois ne sont pas les seuls à monter des bases d'écoutes dans leurs représentations à l'étranger - en France notamment. Il y a d'abord, bien sur, les Américains", assure l'hebdomadaire. Depuis l'affaire Snowden, on sait que les Américains placent des antennes sur le toit des ambassades pour intercepter des conversations. "C'est le cas de l'ambassade américaine à Paris qui se situe à quelques centaines de mètres seulement de l'Elysée", prévient un cadre de la DGSI. Mais à la différence des Chinois, les antennes sont plus discrètes. Plutôt que les toits, les Israéliens préféreraient eux les chambres d'hôtel à Paris pour placer provisoirement "des unités mobiles d'interception". Conclusion : y'a vraiment que les Chinois pour placer des paraboles aussi visibles.

A défaut d'être un scoop inter-continental, les révélations de L'Obs ont été l'occasion d'une séquence "made in China" dans le Petit journal de Canal+ qui s'est rendu à Chevilly-Larue, avant de demander au ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, s'il était au courant de la présence de ce système d'écoutes. En guise de réponse, Cazeneuve a fait la sourde oreille :

 

 



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