Non, les Baumettes ce n'est pas le Club Med !

Vincent Coquaz - - 0 commentaires

"On rigole bien dans la mythique prison marseillaise."

Le Figaro a visiblement peu goûté les photos de détenus du centre pénitentiaire de Marseille, les Baumettes. Sur une série de clichés repérés par le quotidien La Provence, on pouvait voir plusieurs détenus avec des téléphones portables, des billets ou du cannabis. Le tout était posté sur un groupe Facebook (fermé depuis) "MDR o baumettes" qui comptaient 4 800 "J'aime".

Captures d'écran La Provence.com

 

"Les détenus, tout sourire, affichaient leurs festivités sans complexes, et à visage découverts sur la Toile", déplore Le Figaro, qui interroge une responsable du syndicat pénitentiaire Force Ouvrière : "Ils ont tous des téléphones portables, le sport, l'école, des activités, la télévision avec en prime Canal+ (pour 9 euros par cellule et par mois, NDLR), alors que la majorité des gens à l'extérieur n'ont pas les moyens de se payer l'abonnement: cela n'est plus une prison, c'est un centre de vacances".

Une situation qui fait dire au Figaro que les conditions sont "plus proches en effet de celles du Club Med que de celles décrites par un rapport alarmant en 2012 sur l'insalubrité de la prison mythique". Une référence déjà utilisée par La Provence, qui notait de son côté que la page Facebook "avait les allures d'une publicité pour un Club Med d'un nouveau genre". Mais les journalistes semblent oublier qu'au delà des téléphones portables, effectivement interdits en prison, la situation des Baumettes ne ressemble en aucun cas à un centre vacance du groupe français (qui vient d'ailleurs de passer "sous pavillon" chinois).

Des conditions de détention "inhumaines"

Pour s'en persuader, pas besoin de chercher bien loin : dans un rapport et des recommandations "d'urgence", le Contrôleur Général des Lieux de Privation de Liberté (CGLPL) avait dressé le constat, en 2012, de conditions de détention "inhumaines". Surtout, le CGLPL avait fourni de nombreuses photographies qui laissent à penser que peu de Français souhaiteraient y passer leurs vacances :

Suite à ce rapport, des travaux avaient été réalisés, permettant d'améliorer provisoirement les conditions de détention. Mais le CGLPL notait début 2014 que, réalisées dans l’urgence, les rénovations étaient "d’une qualité médiocre ou insuffisante".

En 2008, des détenus de Fleury-Mérogis avaient eux tourné des vidéos pendant huit mois dans leur maison d'arrêt, à l'aide d'une mini-caméra, pour dénoncer cette fois les conditions de détention (vidéos notamment diffuséessur France 2).

Lire sur arretsurimages.net.