Non extradition Polanski : presse suisse divisée

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Au lendemain du refus de la Suisse d'extrader le cinéaste Roman Polanski vers les Etats-Unis (où il avait eu en 1977 des relations sexuelles avec une mineure), la presse helvétique apparaît très partagée quant à la décision de la ministre suisse de la Justice, Eveline Widmer-Schlumpf.

Dans son éditorial la Tribune de Genève se montre très critique vis-à-vis de l'argument du vice de procédure dont s'est servie Schlumpf pour justifier son choix de libérer Polanski.

"Il a bon dos, l’argument du risque de vice de procédure, raison invoquée par la ministre de Justice et Police, Eveline Widmer-Schlumpf, pour justifier la libération de Roman Polanski".

"La précaution juridique aujourd’hui avancée n’a pourtant pas prévalu au moment de passer les menottes au Franco-Polonais "

  Tribune de Genève 13 juillet 2010picto

Egalement critique, en Suisse alémanique, Le Nue Luzerner Zeitung conteste la décision de la justice suisse en titrant "Tous ne sont pas égaux". "Si le personnage principal de ce drame n'était pas Roman Polanski, mais un acteur inconnu, il serait maintenant devant ses juges américains".

Au contraire pour le quotidien genevois, Le Temps, la décision de ne pas extrader Polanski a été reconnue comme "courageuse" et "équitable" dans l'éditorial du jour.

"La décision d’Eveline Widmer-Schlumpf de ne pas extrader Roman Polanski n’est aisée ni à assumer ni à expliquer. Elle n’en apparaît pas moins courageuse et équitable pour peu que l’on considère de près les circonstances de l’affaire."

"En rendant sa liberté au cinéaste, la Suisse ne minimise pas la gravité – incontestable – des faits qui lui sont reprochés. Elle ne rompt pas l’égalité de tous devant la loi qui est au fondement de toute société démocratique. Elle reconnaît simplement qu’elle s’est fourvoyée en l’arrêtant dans de telles circonstances. Qu’elle n’aurait pas dû tolérer qu’un fonctionnaire puisse librement prendre l’initiative d’informer les Etats-Unis de la venue de Roman Polanski à Zurich, sans aucun égard pour le fait qu’il y était invité officiellement pour y recevoir un prix, et que la Suisse s’était félicitée de l’accueillir dans l’une de ses stations alors que les poursuites dont il faisait l’objet à Los Angeles étaient connues."

De même, le Matin se range du côté de Berne en estimant que ce qui "s'est passé entre Polanski et sa victime (...) sont des actes graves" mais "ces faits, à une autre époque et sous d'autres cieux, ont été disséqués, qualifiés et jugés". "Reste aux Américains à faire preuve de clairvoyance dans un dossier où subsiste un entêtement aveugle. Et où même la victime a laissé le passé de côté", conclut l'éditorialiste.

pictoLe Matin 13 juillet 2010

Pour l'éditorialiste de24H, "la Suisse a su tirer le meilleur parti de sa justice". Il ne cache pas son enthousiasme:

"Indépendance, respect du droit, cohérence. Un peu plus de neuf mois après l’arrestation si controversée de Roman Polanski à l’aéroport de Zurich, la Suisse a accouché d’une décision d’une limpidité et d’une logique remarquables".

"La morale est sauve, et avec elle l’honneur de la Suisse", conclut l'éditorialiste.

 24H 13 juillet 2010 picto

(Par Julie Brafman)


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