Niches : et les journalistes ? (Slate)

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Saviez-vous que les journalistes payaient moins d'impôts ? "L'avantage fiscal créé en 1934, supprimé par Juppé et rétabli par Jospin, pose question à l'heure où les niches fiscales ont mauvaise presse", explique Slate.fr.



Les journalistes bénéficient d'une "allocation pour frais d'emploi", ou dit autrement, une niche fiscale. Créé en 1934, cet avantage fiscal concernait 110 professions censées avoir d'importants frais professionnels (déplacement ou matériel). En France, quand les salariés sont exonérés de 10% de leur revenu pour frais professionnels, ces professions - parmi lesquelles figuraient entre autres les "chefs d'orchestre", "les mannequins" ou "les brodeurs du département de l'Aisne" - bénéficiaient d'une exonération plus élevée. Pour les journalistes, l'exonération était 30%.

En 1996, dans le cadre d'une réforme de l'impôt sur le revenu, le gouvernement d'Alain Juppé décide de supprimer cet avantage fiscal pour toutes ces professions. Mais suite à la mobilisation des journalistes, des négociations sont ouvertes et aboutissent sous le gouvernement Jospin avec l'instauration d'une nouvelle allocation pour frais d'emplois. Désormais, les journalistes peuvent déduire 7 650 euros de leurs revenus dans leur déclaration d'impôt (et non plus 30%, exonération qui avantageait les hauts salaires). Mais "comment justifier cette différence de traitement face à l'impôt?"se demande Slate. "On considère que le travail du journaliste ne s'arrête jamais, répond l'ancien secrétaire général du syndicat national des journalistes CGT Michel Diard. Interrogé par Slate, il assure que "même en vacances, le journaliste doit se tenir au courant, acheter les journaux, regarder le JT de 20h, consulter les infos sur Internet, ce qui a des coûts non pris en compte par l'entreprise de presse".

Une réponse un peu courte pour Slate : "Tout le monde comprend bien l'injustice de la mesure et le souci éthique qui se pose. Dans ce débat, les journalistes sont juge et partie puisqu'ils ont le pouvoir de mobiliser ou non l'opinion publique. Ce n'est pas plus glorieux que les parlementaires qui votent eux-mêmes leur rémunération". Dans le même temps, "une suppression de cet avantage fiscal serait néanmoins compliquée à mettre en œuvre. Les syndicats demanderaient immédiatement une augmentation de salaire correspondant à la perte subie, ce qui au vu de la situation financière des journaux s'annonce bien délicat (à moins que le gouvernement rende l'argent de l'autre côté par des aides à la presse)". Conclusion ?"A défaut de pouvoir supprimer complètement la niche, proposons au moins une mesure simple: rayer de la liste des bénéficiaires («journalistes, rédacteurs, photographes, directeurs de journaux et critiques dramatiques et musicaux») les directeurs de journaux" suggère Slate.


Pour tout savoir sur les niches fiscales, reportez-vous à notre dossier : "Impôts et intox".

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