New York : police contre maire, maire contre presse
Robin Andraca - - 0 commentairesSituation inconfortable pour le le maire de New York, Bill de Blasio, élu en novembre 2013. Dimanche, des milliers de policiers lui ont tourné le dos lors des obsèques d'un collègue, lui reprochant son manque de soutien. Brouillé avec la police, le maire l'est aussi avec la presse, à qui il refuse de parler depuis une semaine.
Des dizaines de milliers de policiers qui tournent le dos à leur maire, venu comme eux assister aux obsèques de l'un des deux agents tué à Brooklyn le 22 décembre dernier. Cette image, assez rare pour être signalée, trouve sa source quelques semaines plus tôt., le 4 décembre. Dix jours seulement après la disculpation de Darren Wilson, le policier qui a tué Michael Brown cet été à Ferguson, le Grand Jury de la ville de New York ne trouvait "aucun motif raisonnable" de poursuivre Daniel Pantaleo, l'un des policiers responsables de l'interpellation musclée qui a tué Eric Garner le 17 juillet dernier. Deux policiers blancs, deux victimes noires et le maire de New York qui déclare dans la foulée avoir prévenu son fils, métis, de "faire très attention s'il a à faire à des policiers".
L'agression mortelle de deux policiers à New York par un homme de 28 ans, n'a donc rien fait pour améliorer les relations entre la police et le maire de la ville. La rupture a ensuite été officialisée par Patrick Lynch, dirigeant du premier syndicat de policiers municipaux aux Etats-Unis, fustigeant "ceux qui ont encouragé la violence dans la rue sous couvert de manifestation, qui ont essayé d'anéantir ce que les agents de la police de New York accomplissent au quotidien", avant d'ajouter : "Ce sang sur les mains commence sur les marches de l'Hôtel de Ville, dans le bureau du maire".
Le maire a depuis tenté de renouer le dialogue avec les policiers en rencontrant hier des représentants de leurs syndicats mais aucune avancée significative selon ces derniers au sortir de la réunion : "Notre principal souci est la sécurité de nos agents de police (…) et de nos citoyens (…). Il n'y a pas eu de résolution".
Mais les ennuis du maire de New York, élu triomphalement il y a un peu plus d'un an avec plus de 70% des suffrages, ne s'arrêtent pas là. Depuis plus d'une semaine maintenant, De Blasio refuse toute rencontre avec les médias, à qui il reproche de surmédiatiser les chants haineux et racistes entendus dans les manifestations anti-police de New York qui se sont déroulées après l'affaire Garner. Ce qui fait évidemment le bonheur de la chaîne ultra-conservatrice Fox News, qui pilonne De Blasio depuis quelques jours. L'un de ses éditorialistes, Howard Kurtz, n'hésite pas à qualifier les choix politiques du maire de "stupides".