Nemmouche : scoop du Monde contesté dans le Monde ?

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Fallait-il dévoiler que Mehdi Nemmouche, le tueur de Bruxelles, avait été le geôlier des ex-otages journalistes en Syrie ? Nous évoquions voici quelques jours ce scoop contesté du Monde. Ce mercredi, un autre ex-otage, Pierre Torres, s'exprime dans les colonnes du même Monde. Et reproche à mots couverts le scoop.

"J'ai commis l'erreur de collaborer avec les services de l'antiterrorisme français". L'ex-otage Pierre Torres s'exprime dans les colonnes du Monde, quelques jours après le scoop qui dévoilait que Mehdi Nemmouche, auteur du quadruple assassinat au Musée juif de Bruxelles le 24 mai, aurait été l'un des geôliers des otages en Syrie. Le quotidien expliquait que cette info était le fruit des éléments transmis, ces derniers mois, par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à la section antiterroriste du parquet de Paris. Et notamment issus des témoignages des ex-otages journalistes, interrogés à leur libération par les services de renseignement. L'ex-otage Didier Françoisn avait alors qualifié ce scoop du Monde "d'irresponsable" et "dangereux", notamment pour les otages restés prisonniers en Syrie. (sept ou huit occidentaux, auxquels pourraient, selon des sources policières, s’ajouter six autres, récemment pris par les jihadistes, expliquait Libé).

Torres raconte comment il a été interrogé sitôt sa libération par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), à propos de Nemmouche. "Parmi nos hôtes d'importance, Camille Hennetier, procureure, qui dirige le parquet antiterroriste. Elle nous promet qu'aucune instruction ne sera ouverte contre ce suspect, au sujet de notre enlèvement, tant qu'un danger pèsera sur les otages occidentaux. Elle attendra que la crise soit finie. Elle comprend la gravité de la situation. Elle nous rassure." raconte-t-il.

Mais malgré cette promesse, l'info a donc fuité. "Trois mois s'écoulent jusqu'à ce qu'une lecture audacieuse de l'actualité pousse on ne sait qui à décréter que le temps était venu de révéler le contenu de nos dépositions. Qu'il est facile d'être audacieux lorqu'on n'est pas en Syrie enfermé entre quatre murs!" dénonce-t-il.

Torres y voit une fuite organisée, dans un intérêt particulier. "Nos dépositions ont pu fuiter par n'importe quel bout de l'antiterrorisme français mais pas sans l'aval et l'intérêt de tous" (...). "Cela relève évidemment de l'opération de promotion. Promotion de quoi ? Nous ne le savons pas encore – promouvoir la nouvelle loi antiterroriste en discussion au Parlement, démontrer que « les services » servent à autre chose qu'à mettre en examen des adolescentes de 14 ans « pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » –, nous verrons bien. Ce qui est certain, c'est que la seule chose qui puisse justifier la mise en danger des autres otages, c'est que quelqu'un ou quelque institution policière a vu là la possibilité de se faire mousser."

Dans cette tribune du Monde, l'ex-otage ne fait aucune allusion au media qui, le premier, a publié cette information : Le Monde !

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