Mort Jacquier : versions divergentes

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Qui a tué le journaliste de France 2 Gilles Jacquier ?

Deux versions opposées commencent à émerger. D'un côté, l'agence officielle syrienne Sana a publié jeudi une dépêche dans laquelle elle attribue à un "groupe terroriste" d'opposants, la responsabilité de la mort du journaliste de France 2 mercredi, à Homs. "Neuf personnes ont été abattues, avec parmi elles un journaliste français, et plusieurs autres ont été blessés dont un journaliste belge, après qu’un groupe terroriste armé ait tiré des obus de mortiers vers la délégation des médias étrangers et vers un rassemblement de citoyens qui avaient été victimes de la terreur dans le quartier d’Ekrima à Homs", précise la dépêche de l'agence Sana, rapporté par le site Guysen.com.

A l'inverse, un journaliste, Jacques Duplessy, présent à ses côtés au moment du drame, parle sur Europe 1 de "manipulation". Les journalistes réalisaient en effet leur reportage dans le cadre d'un voyage encadré par le régime syrien. Jacquier est donc peut-être tombé dans un "piège", estime-t-il. Les autorités syriennes auraient pu emmener les journalistes dans ce quartier de Homs, sachant qu'il était dangereux, ou même commanditer une attaque pour en imputer la responsabilité aux opposants.

"On nous avait promis une liberté de mouvement totale. Ensuite, on nous a emmenés dans un quartier normalement sécurisé, c’était très, très encadré", témoigne-t-il. Les journalistes étaient donc localisés et se déplaçaient en plein-centre-ville, ce qui aurait normalement du permettre de réduire au maximum les risques. "Ce n’est pas du tout le fait du hasard, parce qu’après ces quatre obus, il n’y a eu plus rien, c’était terminé : pas d’attaque, pas de tir", remarque Duplessy. Autre élément restant à éclaircir, selon lui : la très grande réactivité des médias syriens, qui se sont rapidement rendus sur place avec, chose rare, plusieurs caméras. "Il y avait la télévision syrienne partout, trois caméras. Ils ont tout filmé, en long, en large, en travers", raconte le journaliste. Les médias syriens ont accusé dans la foulée l’opposition d’être responsable de cette attaque, sans apporter la moindre preuve. "On peut se demander si ce n’est pas vraiment un piège, si ce n’est pas délibéré d’avoir attaqué des journalistes". "évidemment, on n’en sait rien, on n’a aucune preuve", ajoute-t-il.

Thierry Thuillier, le directeur de l'Info de France Télévisions, a tenu à désamorcer cette polémique naissante. "Imaginer une manipulation me paraît, à ce stade-là, vraiment prématuré", a-t-il estimé, interviewé par Europe 1.

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