@Montebourg contre @Xavier75 (Niel) : le tweet clash téléphoné
Sébastien Rochat - - 0 commentairesDu tweet, du clash et surtout beaucoup de com'. En annonçant, en deux temps sur twitter, la généralisation de la 4G au prix de la 3G pour ses offres Free mobile, le patron de Free, Xavier Niel, alias @Xavier75, s'est assuré une belle promo à peu de frais. Le tout avec le soutien du ministre du Redressement productif : réagissant à une petite provocation de @Xavier75, @Montebourg a dénoncé les risques pour l'emploi de ces offres low cost. Reprise assurée dans la presse. En communication, on pourrait appeler ça un "tweet clash" un peu téléphoné.
Et si Arnaud Montebourg était le meilleur attaché de presse de Free ? En annonçant la semaine dernière, sur twitter, l'arrivée de la 4G chez Free, au prix de la 3G pour son forfait illimité, Xavier Niel a de nouveau bousculé ses concurrents, Orange, Bouygues et SFR qui espéraient commercialiser des forfaits plus chers.
Face à cette nouvelle guerre des prix, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg a réagi par un communiqué, co-signé avec Fleur Pellerin, ministre de l'économie numérique : "Alors que son réseau reste en construction, l'annonce de Free apparaît comme un pari audacieux et risqué". Et le communiqué de dénoncer une "stratégie low cost [qui] conduit nécessairement à un sous-investissement dans les infrastructures, à une dégradation du service rendu et à des destructions d'emplois".
Il n'en fallait pas plus pour que @Xavier75 récidive sur twitter. Une semaine après avoir annoncé la 4G pour ses forfaits illimités, Niel, a annoncé, sur twitter, que ses forfaits à 2 euros bénéficieraient également de la 4G, sans surcoût pour le consommateur. Une annonce faite, sur twitter, en réponse à un tweet d'Arnaud Montebourg qui date de janvier 2012, quand celui qui n'était pas encore ministre remerciait Free pour sa politique tarifaire favorable au pouvoir d'achat :
Une petite provocation à laquelle Arnaud Montebourg, qui avait déjà critiqué Free en juin 2012, a répondu, toujours sur twitter, en reprochant à Free Mobile de détruire des emplois avec ses offres low-cost :
Réplique de @Xavier75, sur la base de chiffres fournis par l'Arcep (autorité des télécoms qui a accordé à Free la 4ème licence de téléphonique mobile) :
@Xavier75 étant lui-même aidé (et légèrement corrigé) par @OlivierGravelle, vice-président Marketing et Ventes chez Free, qui publie un graphique de l'Arcep sur l'état de l'emploi dans le secteur des télécoms (où l'on voit que ça remonte depuis 2009) :
Une provocation et trois tweets, cela fait un "tweet-clash" et de nombreuses reprises assurées : HuffingtonPost, Lefigaro.fr, LesEchos.fr, NouvelObs.com, Numerama, 01Net (liste non exhaustive).
Sur le fond, en revanche, rien de nouveau. La question des destructions/créations d'emplois dans la téléphonie mobile avec l'arrivée de Free est un vrai serpent de mer. Nous vous en avons déjà parlé ici et ici.
Sur ce sujet, @Xavier75 est chatouilleux. Il avait notamment poursuivi, avant d'être débouté, un professeur d'université qui avait déclaré aux Echos, en juin 2012, sur la base d'une étude d'impact, que "la baisse totale du chiffre d'affaires dans le secteur des télécoms mobiles (opérateurs, équipementiers, etc.) provoquée par le lancement de Free Mobile", qu'il estimait à 6,5 milliards d'euros, allait "provoquer la destruction nette de 55 000 emplois dans les deux années suivantes".
Des chiffres contestés par Niel, qui s'appuie sur les fameux chiffres de l'Arcep qu'il a retweetés, ce mardi 10 décembre. D'après l'Arcep, entre 2009 et 2012, les emplois directs des "opérateurs de communications électroniques"sont passés de 124 232 à 128 810. Pas de quoi pour autant mettre un terme à cette polémique car le terme "d'opérateurs de communications électroniques"a un sens élargi : cela concerne le mobile mais aussi les services d'accès à internet haut débit et la télévision par box. Encore de beaux tweet-clash en perspective pour @Xavier75 et @Montebourg, qui s'apprête à lui re-répondre sur RTL. Suspense insoutenable...
L'occasion de lire la chronique de notre éconaute : Free : 4G ou j'ai pas ?