Mineurs : l'honneur des gueules noires (F3)
Anne-Sophie Jacques - - (In)visibilités - 0 commentairesDans la série héros parmi tant d’autres, certains ont tendance à rester dans le noir, le noir du charbon et de la mine.
Parmi eux, trois mille gueules noires qui, en 1948, après une grève de cinquante-six jours, ont été licenciés des Charbonnages de France, expulsés de chez eux voire emprisonnés. Certains décident de demander réparation à l’Etat. Ce combat de dizaines d’années est retracé par le réalisateur Jean-Luc Raynaud. Son documentaire, L'honneur des gueules noires, est diffusé ce soir sur France 3 à 00h05.
Extrait du film L'honneur des gueules noires de Jean-Luc Raynaud
Histoire de vous faire veiller jusqu’à minuit, vous pouvez d'ici là lire un poignant récit sur le site del’Humanité. On apprend que les mineurs se sont mis en grève pour protester contre la hausse des prix qui, cette année-là, atteint 120%. La répression est sanglante. L’Etat envoie les CRS qui tirent sur les hommes. Pour prendre conscience de cette violence, vous pouvez également regarder les douze minutes de film signé Louis Daquin et tourné par les militants CGT et PCF.
Le documentaire de Raynaud laisse une large place aux indignés. On y voit notamment Norbert Gilmez, 89 ans, héros d'un récent billet du matinaute. L’émotion est palpable. Pendant le tournage, dix-sept des gueules noires obtiennent réparation sous la forme d’une indemnité de 30 000 euros par personne. Mais Christine Lagarde, alors ministre des finances, se pourvoit en cassation et, en 2012, l'arrêt de la Cour d'appel est cassé. Adieu indemnités. Le Canard enchaîné de cette semaine, qui rend hommage au documentaire dans sa rubrique la boîte à images, resitue la décision de Lagarde : "allouer 45 millions à Bernard Tapis au titre de préjudice moral dans l’affaire du Crédit lyonnais et refuser 510 000 euros à 17 humiliés s’appelle un coup de grisou."