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Thomas
Merci, c'est tout à fait précieux de pouvoir approcher un peu ce genre de nuances. Avec l'intuition que c'est en les prenant en considération, sans forcément les accepter, mais au moins en s'ouvrant à elles, que l'on fera avancer les choses.
La crise des réfugiés est un moment de vérité, et on instrumentaliserait ces hommes et ces femmes si on plaquait nos certitudes de toujours sur cette crise, sans accepter à quel point nous allons en sortir transformés. C'est un moment rare, où il faut bien sûr, en urgence, témoigner de l'humanité sans mégoter, mais où l'on doit aussi dans la même urgence, penser le long terme, et ce que veut dire de faire l'Europe tous ensemble, et donc forcément s'ouvrir à des cultures politiques, ou des consensus nationaux, qui peuvent nous bousculer*. C'est très exigeant pour tout le monde, on a à la fois des personnes à protéger de la mort, et l'Histoire sur nos épaules.
Donc, merci pour cette revue de presse, "on" en redemande (si je peux me permettre de parler "collectivement")!
Cela dit, à force de dramatiser, on peut aussi perdre de vue l'ampleur réelle des enjeux. Sur ce sujet je signale cette tribune du démographe François Héran dont je glisse un extrait, à propos de la France :
"Qu’on imagine un stade occupé par 10 000 personnes : les migrations des dernières années y ont fait entrer 30 personnes par an, dont 10 étudiants, 13 conjoints ou enfants, moins de 3 migrants au titre de l’asile et moins de 3 au titre du travail (je laisse de côté le fait que certains repartent ou décèdent dans l’année). De mars 2014 à mars 2015, la France a enregistré 64 000 demandes d’asile, soit le même nombre que les années précédentes (...) Un effort réel mais qui, ramené à 10 000 habitants, revient à accueillir 4 réfugiés au lieu de 3.
Pressés par la Commission européenne, nous acceptons désormais d’en accueillir 12 000 autres (24 000 sur deux ans). Tout compte fait, notre enceinte de 10 000 personnes va grossir de 5 à 6 réfugiés par an"
Ces chiffres me semblent utiles face à l'irresponsabilité calculée de tous les petits télégraphistes du "bon-sens" sarkozien qui parlent, comme le rappelle l'auteur, de "folie", ou de risque de "désintégration de la société".
* pas d'ambiguité : je n'inclus pas dans l'extrême-droite, qui a mis l'Europe en feu il y a 70 ans, dans ces "cultures" à comprendre... -
Anna Kubista
Quand arrêtera-t-on de cataloguer la Rép. tchèque, la Slovaquie, la Hongrie, la Pologne comme des "pays de l'Est"? Ce sont des pays d'Europe centrale. Utiliser le terme de "pays de l'Est", a fortiori dans ce contexte tendu, c'est marteler la vieille antienne Est/Ouest, eux/nous. Quand bien même ont-ils un avis différent au sein de l'UE, que l'on peut légitimement critiquer, questionner, l'utilisation de cette expression par tous les médias français montre que 26 ans après la chute du rideau de fer, celui-ci reste bien implanté dans les cerveaux... -
Robert·
A suivre ...