Migrant / Belgique / "agression" : emballement de la presse belge

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De la presse belge à la fachosphère française.

Samedi 23 janvier, un demandeur d’asile de 22 ans était arrêté par la police, soupçonné d'avoir agressé sexuellement une fillette de dix ans à la piscine de Coxyde, en Belgique. Mais le jeune homme est relâché peu après avoir été entendu, et les parents de la petite fille décident de ne pas porter plainte : le jeune Irakien aurait en réalité voulu secourir la fillette qui se trouvait en difficulté dans l’eau. Trop tard. Les médias parlaient déjà d’"agression"... et sans conditionnel.

C’est l’agence de presse Belga qui diffuse l’information dans les médias belges francophones, en citant le quotidien néerlandophone Het Nieuwsblad dimanche 24 janvier : "Samedi, une mineure a été agressée sexuellement à la piscine par une personne résidant au centre d'accueil de la commune". Aussitôt, le bourgmestre de la ville Marc Vanden Bussche –connu pour sa réticence face à l’accueil des migrants- évoque une agression similaire signalée plus tôt dans la semaine, et déclare vouloir fermer la piscine à tous les demandeurs d’asile durant un mois.

L'homme aurait essayé de la secourir

C’était sans compter l’intervention du journal De Morgen qui, s’appuyant sur "des sources proches de l’enquête", révèle lundi que le jeune homme aurait en fait agrippé la petite fille, non pas pour l'agresser, mais pour la secourir, et que la situation aurait donné lieu à une "erreur de jugement". Le jeune homme, contre qui les parents de la fillette n'ont pas porté plainte, avait été relâché par la police après avoir été entendu, avant d'être toutefois emmené dans un centre fermé sur ordre de Theo Francken, le secrétaire d’Etat à l’asile et la migration, qui assurait ne vouloir prendre "aucun risque". Finalement, le collège des échevins (conseil communal) de Coxyde réuni lundi a décidé de ne pas fermer la piscine aux migrants, contre l’avis du bourgmestre.

Si la presse belge parle à présent prudemment de l’incident, à grand renfort de conditionnels, la première réaction des médias ne faisait pas dans la demi-mesure. Une grande partie de la presse (7 sur 7, Sud Info, L'Avenir, RTL Info ou encore Metrotime) affirmait ainsi dès dimanche qu'une mineure avait été agressée, y compris dans ses titres. Les jours suivants, les articles publiés sur le sujet -par ces mêmes journaux- parleront d'une mineure qui "aurait été agressée".

7 sur 7, 24 janvier 2016

L'hebdomadaire Le Vif a, lui, modifié (discrètement) la formulation de son article, passant de l'indicatif (le matin) au conditionnel (le soir).

Le Vif, 24 janvier 2016, à 9h58

Le Vif, 24 janvier 2016, à 18h46

Et "l'information" est bien arrivée jusqu'en France : trois sites de la fachosphère (Fdesouche, Reinformation.tv et Medias-presse.info, dont @si vous parlait ici) ont également repris l'histoire de l'agression. Mais contrairement aux médias belges, deux jours après la rectification, aucun n'avait fait la mise à jour.

Medias-Presse-info, 25 janvier 2016

(Par Tifaine Cicéron)

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