Midi Libre bataille contre Fdesouche
Laure Daussy - - 0 commentairesAffrontement par articles interposés entre Midi Libre et le site d’extrême-droite Fdesouche. C’est l’interview d’un "militant repenti" d’extrême-droite, racontant les procédés utilisés sur internet par les grouspuscules identitaires, qui a mis le feu aux poudres. Le site Fdesouche s’est senti visé et s’en est pris au Midi libre et à son directeur de rédaction.
Tout commence par cette interview publiée sur le site du Midi Libre, début octobre, de Damien, un militant d’extrême-droite languedocien "repenti" qui militait dans une organisation proche du Bloc identitaire. Il raconte comment, alors qu'il était étudiant, il s’est engagé dans un groupuscule d’extrême-droite local appelé Unité Radicale (UR). Dans cet entretien, il dévoile les secrets de l’action de l’ultra-droite sur internet.
Le jeune militant raconte par le menu comment on l’incitait à cibler les sites d’info généralistes "à la recherche de toutes les informations «raciales» possibles". L’objectif: "Monter en épingle les faits divers lorsqu'ils concernaient des étrangers, quitte à les faire «mousser» sur Facebook ou sur les forums. Les réseaux sociaux et les commentaires dans les articles de presse étaient l'idéal pour ça", explique-t-il au MidiLibre.fr. Il créait des "pseudonymes réguliers", pour que les gens "se rapprochent de lui" et des "profils ponctuels" pour donner un "effet de masse". Il s’agissait aussi "d’agir subtilement" : "Ne jamais parler des Arabes et des Blancs en tant que tel, mais reprendre des thèmes «humanistes» en parlant par exemple des «nantis antiracistes et mondialistes qui cherchent à écraser les pauvres qui supportent le racisme antiblanc». Ou encore, à l’inverse, se créer "un pseudo à consonance musulmane pour prôner une république islamiste". L'article du Midi Libre est repris notamment par le site bfmtv.com. |
A la suite de cette interview, le site d'extrême-droite Fdesouche, qui se sent visé, riposte immédiatement. Le Midi libre a en effet publié à côté de l’interview de Damien, un petit article présentant la manière d'agir du site Fdesouche, qui pouvait assimiler le jeune militant à ce site. Dans en premier temps, Midi Libre retire le petit article, estimant que ce thème mérite une "enquête plus approfondie". Fdesouche, pour sa part, raille le "Midi libre pris en flagrant délit de manipulation" pour avoir publié puis enlevé l'article. Il assure aussi n’avoir "jamais entendu parler" du militant repenti. |
Fdesouche passe ensuite aux attaques personnelles envers les journalistes. Il s'en prend à l'impartialité de la journaliste auteure de l’article, l’accusant d’être une "militante LGBT" (association lesbien, gay, bi et trans, ndlr), et "proche du Front de gauche". Et assure que certains de ses "tweets compromettants", sur son engagement au Front de gauche auraient été effacés. Contacté par @si, le directeur de la rédaction Philippe Palat nous a assuré du professionnalisme de la journaliste. Fdesouche publie notamment ce tweet sur son site |
Second round. Midi libre publie l'enquête promise et dévoile des éléments croustillants sur Fdesouche. Le site qui prône le "franco-français" est en fait hébergé à l’étranger, pour ne pas tomber sous le coup des lois anti-racistes en France. "D'abord installé aux États-Unis, dans la petite ville de Lansing au Michigan, fdesouche "émet" désormais depuis la plateforme PRQ, en Suède (qui semble être aussi l’hébergeur de thepiratebay) par le biais d'une adresse basée à Toronto (Canada) et avec un propriétaire... indien, Tilak Raj", précise le Midi Libre. L’article dévoile de quelle manière Fdesouche fait grossir artificiellement les "likes" de ses articles postés sur Facebook. Et répertorie les différentes plaintes déposées contre lui, comme celle du directeur général de l'association France Terre d'Asile, pour diffamation publique. |
Dernier round. Fdesouche se fend d'un nouvel article en réponse au Midi Libre. Pour lui, la triche sur Facebook évoquée par le site du quotidien local serait en fait un "bug". Le bouton Facebook prenait en compte "le nombre de «like» de "Fdesouche.com» et non celui d’un article en particulier." Quant à l'hébergement du site à l'étranger, c'est 'la preuve que la France est un pays qui pratique la censure et dans lequel il est impossible de s’exprimer librement'", estime Fdesouche. |
En commentaire de cet article, un certain "Riri22" s'en prend au directeur de la rédaction du Midi Libre, Philippe Palat, mentionnant un lien vers cet article de Libération, qui parle bien d'un certain Phillipe Palat, mis en cause pour une histoire de faux document.... Sauf qu'il ne s'agit pas de la même personne. Le commentaire sur Fdesouche a été supprimé, mais conservé par Palat, qui nous a transmis la capture d'écran Le "vrai" directeur de la rédaction écrit donc un édito pour le préciser : "Abjecte et volontairement destructrice, cette attaque infamante est dénuée de sens car la direction de la rédaction de Midi Libre est totalement étrangère aux agissements de la personne citée (homonymie)." | . |
Contacté par @si, le directeur de la rédaction explique avoir voulu défendre dans cet édito les "valeurs" de son journal, ainsi que la journaliste, qui aurait été "trainée dans la boue", notamment par des insultes sur les réseaux sociaux. Il ne fait pas bon enquêter sur les groupuscules identitaires.
Un épisode à ajouter à notre dossier: Fachosphère, à l'assaut du net.