Merci patron : hommage d'un libéral (Soumier/BFM Business)
Anne-Sophie Jacques - - Fictions - 0 commentaires"Affronter le capital est une perte d’énergie, il est plus fort que vous. En revanche, creusez le lit de la rivière qui mène au bonheur de l’humanité, il la financera dans l’allégresse". C’est par cette maxime que l’animateur de la tranche matinale de BFM Business Stéphane Soumier conclut son hommage au film de François Ruffin Merci patron à l’origine du mouvement citoyen Nuit Debout né jeudi soir sur la place de la République à Paris.
Réconcilier la misère et le capital : c’est le dessein – ironique – du film Merci patron dans lequel son réalisateur François Ruffin soutire 40 000 euros au groupe LVMH pour un couple du Nord au chômage, et tourne en ridicule son patron Bernard Arnault. Un dessein peut-être ironique mais pleinement atteint selon l’animateur de la tranche matinale de BFM Business Stéphane Soumier qui rend hommage aujourd’hui sur son blog au film de Ruffin reçu récemment sur notre plateau.
Pourquoi un tel hommage de la part de l'animateur qui a choisi, selon ses propres mots, "de faire profession de la défense de l’économie de marché" (une profession décrite dans une émission sur notre plateau) ? Selon Soumier, face à l'entourloupe de Ruffin, LVHM "plonge à la source du problème, identifie les menaces les plus sérieuses, tente de saisir les lignes de force […] et parvient finalement à ses fins…" Autrement dit, à éviter une manifestation de gauchistes devant les boutiques de LVMH qui aurait pu faire fuir le touriste chinois et coûter au groupe bien plus que 40 000 euros. Et c’est là toute la force du film, écrit Soumier : "il s’agit de frapper le capital là où ça fait vraiment mal : sur le moteur du profit. Quel est le moteur du profit ? Le patron ? Rarement. Le client ? Toujours."
Selon Soumier, contrairement aux activistes violents comme Action Directe, "Merci patron "est une arme bien différente". Une arme qui a compris que "le capital est incapable de dépasser ses intérêts grossiers et malpropres" explique-t-il en reprenant une phrase de Marx. "Les gauchistes ont enfin compris qu’il fallait appliquer cette phrase à la lettre pour sérieusement changer le monde : qu’une cause généreuse et noble devienne un intérêt «grossier et malpropre» et alors le capital mettra toute sa puissance à son service". En cela, écrit l’animateur de BFM Business, "le réalisateur/activiste a bel et bien fait de ce couple de chômeurs un intérêt «grossier et malpropre» du capital". De même, poursuit-il, "si la production agricole devenait un intérêt «grossier et malpropre» vous verriez les investissements massifs sur le secteur, les rendements croissants, la mise en culture de terres oubliées". Verdict : "quand, par le talent des activistes, des causes nobles et justes deviennent des intérêts grossiers et malpropres, on voit réellement les choses changer."