Mélenchon s'emporte (un peu vite) contre Assassin's Creed Unity
Robin Andraca - - 0 commentairesHaro sur le jeu vidéo : Alexis Corbière, secrétaire national du Parti de Gauche et Jean-Luc Mélenchon ont dénoncé, tour à tour, le dernier jeu d'Ubisoft, Assassin's Creed Unity, et la propagande réactionnaire sur la Révolution Française que le jeu véhiculerait. En se fondant uniquement sur une vidéo promotionnelle.
Tout est parti du blog politique d'Alexis Corbière, secrétaire national du Parti de Gauche, et d'un billet posté aujourd'hui et intitulé : "Les créateurs d'Assassin's Creed Unity véhiculent une propagande réactionnaire sur la Révolution Française". Dans ce billet, Corbière estime que la dernière production d'Ubisoft, sortie hier et dont l'action se déroule à Paris en 1789, reprend à son compte tous les poncifs anti-révolutionnaires. "Le Peuple de Paris est présenté pour une cohorte brutale et sanguinaire, c’est lui qui produit la violence, toujours lui qui de façon aveugle fait couler le sang, notamment du bon roi débonnaire. Comme de coutume, la caricature le plus bestiale concerne Maximilien Robespierre qui est présenté comme«bien plus dangereux que n’importe quel roi»". Sur quoi se base-t-il ? Sur une vidéo promotionnelle du jeu qui force un peu le trait, publiée en juillet 2014 et destinée au marché américain :
Où Corbière, contacté par @si, a-t-il repéré cette vidéo ? "Via Facebook, quelqu'un me l'a envoyée au mois d'août". A-t-il joué au jeu ? "Non, mais dès qu'on parle de révolution, on veut transformer ça en bain de sang, faire croire que la révolution est uniquement un moment de violence, que c'est la brutalité qui surplombe le tout". Sauf que ce n'est pas uniquement ce que l'on voit dans ce spot promotionnel. Corbière le reconnaît et précise ses propos : "Ce n'est pas par mépris pour le jeu vidéo que je lance cette polémique. Au contraire. C'est un objet culturel de grande importance, qui touche beaucoup de gens. Pourquoi ne s'interrogerait-on pas là-dessus aussi ?".
Interrogé plus tôt par Le Monde, avant que la polémique ne naisse, Antoine Vimal du Monteil, l'un des producteurs du jeu, avait déjà une ligne de défense toute prête : "Assassin's Creed Unity est un jeu vidéo grand public, pas une leçon d'histoire".
Mais Corbière n'est pas le seul au Front de Gauche à s'intéresser à ce jeu. Contacté par Le Figaro, Jean-Luc Mélenchon y voit aussi "un dénigrement de la grande Révolution". "Je suis écoeuré par cette propagande. Si l'on continue comme ça, il ne restera plus aucune identité commune possible aux Français à part la religion et la couleur de peau", s'emporte même le député européen.
Décidément très sensible à la réprésentation 3D de la révolution, Mélenchon s'était déjà emporté en décembre 2013, sur son blog. En cause, Philippe Froesch, spécialiste alsacien de la reconstruction faciale, qui se vantait d'avoir reconstitué, en 3D le vrai visage de Robespierre. "Ce visage, présenté comme marqué par la petite vérole, est un outil de propagande visant à décrédibiliser la révolution française", écrivait alors Mélenchon qui invoquait aussi une entreprise de manipulation : "Une tête bien peu engageante si j’en juge par la photo publiée. Vieille ruse de l’iconographie dont je fais les frais plus souvent qu’à mon tour : la laideur du visage est censée révéler la laideur de l’âme !".