Mediapart / Péan / Takkiedine : une (obscure) affaire africaine

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Mediapart, Péan et ses "Nouvelles affaires africaines".

La parution fin octobre du dernier livre du journaliste d’investigation Pierre Péan, agite le Gabon depuis quelques jours : selon Pierre Péan, l’actuel président, Ali Bongo, aurait été adopté par Omar Bongo, serait nigérian, et ne pourrait donc pas légalement être président du pays.

Mais l’affaire a rebondi en France puisque selon Mediapart, l’intermédiaire Ziad Takieddine aurait proposé aux autorités gabonaises de retarder la parution de ce livre fin 2013, en échange de 10 millions d’euros et de l’emploi d’un proche de Péan. Les autorités du Gabon auraient été inquiètes de voir publier les révélations de Péan lors d’un sommet franco-africain, les 6 et 7 décembre 2013. Pour Péan, tout ce protocole relève d’une machination, alors que la présidence gabonaise l’accuse d’en avoir été partie prenante.

"D'obscures tractations"

L’article de Mediapart reprend la plupart des accusations de la présidence gabonaise contre Péan, citant longuement (et pas toujours très clairement) le porte-parole d’Ali Bongo et un intermédiaire franco-sénégalais Fara M’Bow. Selon le site, Péan serait ainsi au cœur "d’obscures tractations" avec le porte-parole du président gabonais, Alain Claude Bilie By Nze. Mediapart en veut pour preuve une rencontre entre les deux hommes à Paris ainsi que des échanges de mails, dans lesquels Pierre Péan demande qu’un de ses proches, Jean-Louis Gros, soit embauché en France par le réseau de la présidence gabonaise. Ce que Péan reconnait : "Nous avons évoqué le cas d’une relation, Jean-Louis Gros, qui a été maltraité par les autorités gabonaises et que j’entretenais. J’ai demandé que justice lui soit rendue".

Si aucun élément n'implique Péan lui-même dans cette tentative d'extorsion de fond contre la présidence gabonaise, Mediapart souligne l’absence de réaction du journaliste lorsqu’il a été mis au courant début décembre du deal proposé par Takieddine au Gabon. Le site s’interroge ainsi sur le fait que le journaliste n’ait pas porté plainte ou "ne fait pas la moindre allusion à cet épisode dans ses contacts avec les autorités gabonaises". "Je le sais, mais je le sais sans le savoir. Et je sais que les Gabonais n’ont pas répondu à ce truc hallucinant", répond Péan à Mediapart. Sur le livre, le journaliste martèle "qu’aucun livre portant [sa] signature n’était programmé à la fin de l’année 2013" et que le Gabon n'a donc pas pu le bloquer.

Pierre Péan constitue, pour Mediapart, un sujet délicat. Un intense contentieux idéologique et professionnel oppose Péan au fondateur de Mediapart, Edwy Plenel, depuis la parution, en 2003, du livre d'enquête à charge "La face cachée du Monde", dont Péan était le co-auteur, et qui a provoqué la chute de la direction du journal, à laquelle appartenait Plenel.

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