Mazarine / 1984 : Mitterrand aurait fait asphyxier Le Monde par la BNP (Le Monde)

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Cet été, Le Monde raconte pendant deux semaines les dates qui ont marqué sa propre histoire, de 1945 aux année 80.

L'article d'aujourd'hui assure que François Mitterrand, en 1984, a fait asphyxier le journal par sa banque, la BNP, en raison d'une allusion à sa fille alors cachée, Mazarine Pingeot.

Nous sommes le 4 octobre 1984. Dans sa chronique quotidienne, Claude Sarraute (vedettarisée depuis par ses participations à de nombreuses émissions telles que "Les Grosses Têtes" ou "On a tout essayé") critique l'accueil fait par Mitterrand au président gabonais Bongo : "Il ne peut pas se plaindre, Bongo, on l'a gâté [...] Vous avez vu, à la télé, l'arrivée à Orly. Tous ces ministres attroupés au pied de la passerelle derrière le président de la République. Le tapis rouge, les drapeaux, les estrades, les discours, les autos officielles, les motards, les sirènes, la garde républicaine, la poignée de main sur le perron de l'Elysée. Bongo très fringant, très hautain, avec ses semelles compensées, sa cape et ses grosses lunettes. Et Mitterrand de plus en plus impérial [...] avec son masque d'empereur romain. Moi, mes copains, on ne l'appelle plus que Mittolini".
 

Ce n’est pas tant le jeu de mots, qui l’associe au duce italien, que la fin de la chronique sur sa vie privée, qui aurait mis hors de lui l’ancien président. “Quand il s'agit de préserver sa vie privée, Mitterrand se montre beaucoup moins serein. Beaucoup moins large d'esprit. Il cherche et il trouve les moyens d'empêcher la parution de journaux, de bouquins qui risqueraient de le faire dégringoler de son piédestal”.

C'est l'allusion fatale. Mazarine, sa fille cachée, est alors âgée de neuf ans et son existence ne sera révélée à l’opinion publique que dix ans plus tard. Mitterrand est alors l'objet d'un chantage par l'écrivain Jean-Edern Hallier, qui menace de rendre publique l'existence de la jeune fille. Les représailles contre la chronique de Sarraute sont terribles. Alors que le journal frôle la faillite, René Thomas, patron de la BNP placé deux ans plus tôt à ce poste par Mitterrand, exige la destitution du directeur André Laurens. Les salaires ne seront pas versés, sauf si vous me promettez que Laurens s'en va, aurait asséné Thomas aux représentants du journal, fin 1984. Coïncidence : selon Le Monde, Thomas "fréquente" alors une chargée de mission à l'Elysée, Laurence Soudet, précisément chargée de maintenir le secret autour de l'existence de Mazarine, et que le banquier épousera dix ans plus tard. En janvier 1985, la Société des rédacteurs du journal retire sa confiance au directeur André Laurens, et porte André Fontaine à la tête du Monde.

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