Marianne / FN : les blacklistés, et les autres...

Juliette Gramaglia - - 0 commentaires


Boycotté le 23, admis le 7.

L'hebdomadaire Marianne a été accrédité pour la soirée électorale du FN dimanche 7 mai, à l'occasion du second tour de l'élection présidentielle. Le journaliste Louis Hausalter a donc pu, comme certains de ses collègues, voir depuis la salle de presse Marine Le Pen esquisser quelques pas de danse après son discours de défaite. Hausalter a posté sur Twitter une capture vidéo des écrans de la salle de presse, qui retransmettaient en direct ce qui se passait à l'intérieur de la salle louée pour la soirée par le parti. Et en a fait un article, le 7 mai en fin de soirée.

Il y a deux semaines, pour la soirée électorale du premier tour, Marianne rapportait une toute autre histoire : le journaliste Mathias Destal avait été refoulé à l'entrée de la soirée du FN à Hénin-Beaumont par le directeur de campagne de Le Pen, David Rachline. Destal avait pourtant bien été accrédité pour cette soirée, mais son nom avait été rayé "au stylo bic" de la liste. Dans la foulée, l'hebdomadaire avait dénoncé une "censure" du FN dirigée contre son journaliste, co-auteur d'un livre d'enquête sur la présidente du FN Marine est courant de tout... (Flammarion, 2016), co-écrit avec la journaliste de Mediapart Marine Turchi (que nous recevions sur notre plateau la semaine dernière). Après cette soirée du 23 avril, Marianne a été accrédité pour le dernier grand meeting de la candidate du FN à Villepinte le 1er mai, y envoyant un autre journaliste que Destal. Idem pour le 7 mai, où Hausalter était cette fois l'envoyé de l'hebdomadaire.

Médias blacklistés et médias solidaires

Si Marianne a pu assister à la soirée électorale du 7 mai, d'autres n'ont pas eu cette possibilité. Comme nous le racontions, plusieurs médias, parmi lesquels les exclus de longue date Mediapart et Quotidien, mais aussi Buzzfeed, Les Jours, Charlie Hebdo ou encore Rue 89, ont été blacklistés par le FN dimanche 7 mai. En signe de solidarité, Libération, Les Inrocks, Le Monde, l'agence Bloomberg et L'Humanité, qui avaient été accrédités, ont refusé de couvrir la soirée du parti d'extrême droite.

Sur notre plateau, avant la soirée du 7 mai, Marine Turchi regrettait l'absence de solidarité entre journalistes: "Ça fait des années qu'il y a des soucis. Et on a l'impression que les médias se bougent quand ça les concerne eux-mêmes", s'inquiétait-elle.

Contacté par @si, le journaliste présent à la soirée électorale, Hausalter, n'a pas souhaité s'exprimer. Pas davantage que le directeur du journal, Renaud Dély.

L'occasion de (re)voir notre émission avec Marine Turchi de Mediapart, Aurélien Colly de France Inter et Patrice Maggio de Var-Matin : "Marine Le Pen s'est re-diabolisée toute seule"

Mise à jour 10/05/2017, 17h11 : suite à la parution de l'article, le redacteur en chef adjoint de Marianne, Thomas Vampouille, a expliqué que l'hebdomadaire avait "fait son boulot" en couvrant la soirée du FN : "Si on se fait éjecter, on le dénonce, et sinon, on fait notre boulot. Sur le long terme, ce n'est pas viable de les boycotter ad vitam eternam." Vampouille a rappelé également que la SDJ de Marianne fait partie des signataires du communiqué dénonçant  "l'entrave à la liberté" d'informer pratiquée par le FN.

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