Marche 11 janvier : "un compost", pour Nicolino (Reporterre)
La rédaction - - Alternatives - 0 commentairesDéjà blessé au pied lors d'un attentat dans un cinéma parisien en mars 1985, Fabrice Nicolino, l'écolo de Charlie Hebdo, a survécu le 7 janvier à la tuerie. Le journaliste raconte sur le site Reporterre, sa longue opération, et ses espoirs d'une autre société.
Première évidence pour le Nicolino : "La réaction si spectaculaire de la société française est évidemment un puissant baume pour les blessures du corps et de l’âme. Je n’ose penser à mon état si les manifestations de solidarité n’avaient rassemblé que quelques milliers de personnes". Un tel déferlement qui, selon Nicolino, "crée nécessairement un substrat, au sens agricole, un compost sur lequel pousseront les réponses que nous saurons formuler ensemble".
Toujours persuadé que la crise écologique est ce "cadre neuf dans lequel penser notre avenir commun", Nicolini a vu dans "le quotidien sinistre des services de réanimation" la possibilité d'une autre société. "Car ce sont eux qui racontaient, montrant à quel point la société française sait être loin des misérables clichés déversés chaque jour par ses«élites»politiques et médiatiques. Il existe un espace inexploré, considérable, où de nouvelles questions, centrales, pourraient enfin être débattues. En somme, ces quelques urgentistes rencontrés ici m’ont paru comme les représentants d’un monde inquiet, qui cherche des réponses à des angoisses désormais évidentes".
Ces quelques urgentistes donc, mais pas la classe poltique : "Aucun de ses membres ne saura se mettre au service de notre peuple et de l’humanité. Chacun joue sa partition attendue. Hollande prend la voix grave, espérant regagner quelques points de popularité, ce qui est d’ores et déjà acquis. Sarkozy, fidèle d’entre les fidèles à lui-même, essaie de se placer sur la photo. Valls peaufine son personnage bien connu de Clemenceau".
La grande manifestation de dimanche dernier pourrait-elle être le terreau d'un nouveau projet sociétal ? Sans aucun doute pour Nicolino, qui écrit même : "Il n'y a aucun doute qu'un politicien qui romprait avec l'ancien crèverait le plafond, et l'écran". L'espace existerait donc, mais comment le remplir ? "Premier impératif catégorique: luttons contre toutes les formes de régression, au premier rang desquelles le racisme, qui trouvera là de primordiales raisons de flamber. Sur ce terrain si difficile, parlons à tout le monde, sans exclusive, car le feu est aux portes". Et ensuite ? "Parallèlement – et en même temps –, considérons avec ceux qui le souhaitent la stupéfiante gravité de la crise écologique mondiale. Dans ce cadre très général, il faudra tout à la fois ouvrir en grand nos yeux, nos oreilles et notre cœur. Jamais la situation n’a été aussi favorable à notre cause, et il me semble possible de réunir à terme, dans un réseau dense, 100 000 d’entre nous. Ce serait un véritable tsunami. Une telle masse critique pourrait entraîner dans une autre direction la société tout entière. Vous n’y croyez pas ?Moi, si".
L'occasion de voir ou de revoir notre émission, avec Nicolino : "Les écolos ont-ils renoncé à franchir les lignes jaunes ?".