Maintenir des classes en supprimant des postes (Le Monde)
La rédaction - - Pédagogie & éducation - 0 commentairesL'école primaire peut souffler, il n'y aura pas de fermeture de classes à la rentrée 2012. C'est Nicolas Sarkozy qui l'a annoncé lors d'une visite d'une école maternelle et primaire à la Canourgue (Lozère). Mais les suppressions de postes sont maintenues. Comment réussir ce tour de passe-passe ? Le Mondeexplique les différentes astuces pour continuer à supprimer des postes tout en maintenant des classes.
L'annonce de Nicolas Sarkozy n'a pas surpris : "Pour la rentrée 2012, je souhaite que l'école primaire bénéficie d'un traitement particulier. (...) Nous ne procéderons, hors démographie, à aucune fermeture de classes à l'école primaire", a-t-il déclaré lors de son déplacement en Lozère. Le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, avait déjà évoqué ce moratoire fin mai : chaque fermeture de classe pour des raisons démographiques devrait être compensée par une ouverture. La mesure est censée calmer les élus locaux qui protestaient depuis des mois contre les fermetures de classe dans le primaire (- 1500 à la rentrée 2011). Pour autant, le gouvernement n'a pas renoncé à appliquer la règle du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. 16 000 postes devraient être supprimés en 2012.
Le Mondedétaille la méthode que le gouvernement devrait employer pour continuer les suppressions de postes dans le primaire. Première astuce "très rentable" : réduire encore la scolarisation des moins de 3 ans. "C'est un des leviers majeurs. En dix ans, la scolarisation des moins de 3 ans est passée de 34 % à 13 % environ. Or en diminuant encore les effectifs de 2 % à 3 % par année, on retarderait l'entrée en maternelle de plus de 25 000 enfants à chaque rentrée (en se basant sur des générations de 850 000 enfants). A raison de 25 élèves par classe, on économise ainsi près de 1 000 postes par an", indique le quotidien. Deuxième moyen utilisé pour supprimer des postes sans fermer des classes : la fin des RASED (Réseaux d'aides spécialisées aux enfants en difficulté) composés de personnels qui ne sont pas affectés sur des postes fixes. "Avec le démantèlement d'une partie des Réseaux d'aides spécialisées aux enfants en difficulté (Rased), 3 000 d'entre eux sont retournés en classe. Restent entre 8 000 et 9 000 emplois, des rééducateurs, psychologues scolaires, enseignants spécialisés. Selon les experts, ils sont aujourd'hui en sursis", explique Le Monde. |
Enfin, le ministère peut également décider de poursuivre la diminution des titulaires-remplaçants. Dans le primaire, ces remplaçants représentent environ 8% des effectifs d'enseignants. Selon Le Monde, "réduire leur nombre est une tentation d'autant plus forte que le taux de remplacements est jugé satisfaisant par la Rue de Grenelle dans le premier degré – il dépasserait 90 % en moyenne nationale". Quant à la solution de l'augmentation des effectifs par classe, elle serait plus facile à appliquer dans le secondaire que dans le primaire. Mais les recteurs, à qui le gouvernement a confié le soin de trouver ces postes à supprimer, peuvent toujours essayer.
En matière d'éducation, si vous avez raté les précédentes annonces, plongez-vous dans notre dossier : "Chatel : attention, réformes !"