Macron/com' : Joffrin pour le journalisme de la petite phrase

Anne-Sophie Jacques - - 0 commentaires

Emmanuel Macron veut trier les journalistes qui couvrent ses déplacements ? Laurent Joffrin ne s’en remet pas.

Dans un billet paru ce jour dans Libération, le directeur du quotidien dézingue le verrouillage de l’information opéré par le président. En effet, comme nous le racontions ici, Macron a fait savoir jeudi dernier, jour du premier conseil des ministres, qu’il souhaitait dorénavant solliciter les journalistes experts des différentes rubriques – dits les rubricards – pour ses déplacements. Conséquence : les journalistes politiques sont mis sur la touche. Ce choix a été dénoncé par une quinzaine de sociétés de journalistes, dont celle de Libé.

Mais Joffrin aujourd’hui en remet une couche. Avec ironie, il commence par saluer la disparition de "l’insupportable parti pris de transparence adopté sous la présidence Hollande" en rappelant que l’ex-président "accueillait volontiers enquêteurs et équipes de télévision, ayant choisi, à tort ou à raison, de démystifier le pouvoir. […] Cette horrible manipulation se termine. Ouf !" s’exclame-t-il. Sous l’ère Macron, poursuit Joffrin, ce sera différent. Exemple avec le choix des journalistes invités dans le pool pour suivre le voyage au Mali (dont Libération ne fit pas partie). Pour Joffrin, "l’Elysée a voulu éliminer […] les journalistes politiques suspects de vouloir savoir ce qui se passait en coulisses, au profit de reporters spécialisés dans les affaires de défense, peu susceptibles de fourrer leur nez là où il ne faut pas". Sympa pour les experts de la défense, que Joffrin juge incapables de poser les questions qui dérangent.

En somme, Joffrin se morfond de la fin du "règne des petites phrases, des confidences intempestives, des indiscrétions qui flattent la curiosité du lecteur mais qui gênent tant le gouvernement". Et de citer un autre exemple de la méthode Macron : le président "a refusé de répondre en Allemagne à une question qui sortait du champ par lui délimité". Une question probablement fort à-propos mais l'anecdote fait écho au malaise décrit par le journaliste de Politico Europe, Quentin Ariès. Sur son fil twitter, ce dernier regrettait le manque de pertinence des journalistes politiques parisiens en déplacement à Bruxelles.

Même point de vue chez le blogueur Authueil qui résume en ces termes : "les journalistes attendent, tranquillement dans leur coin, qu'un officiel français, de préférence le ministre, vienne les débriefier, et ils ne posent que des questions en lien avec la politique nationale, en général au ras des pâquerettes". Des pâquerettes que regrette déjà Joffrin.

>> L'occasion de lire le billet du matinaute "Macron et les médias : bienvenue dans la nouvelle ère"

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