Luxleaks : Motion de censure contre Juncker rejetée

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Sans surprise, la motion de censure visant l’ensemble de la Commission Juncker a été rejetée à la mi-journée par le Parlement européen. Cette motion fait suite aux révélations LuxLeaks et a été déposée la semaine dernière par 77 députés – dont le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni, les Italiens du Mouvement 5étoiles ou encore le Front national. Si le vote n’avait aucune chance de passer, l’alliance inédite entre des forces qui, par ailleurs, peinent à se trouver des points communs, risque de chambouler les forces politiques au sein du Parlement.

Affaire LuxLeaks, suite. Après les révélations du consortium de journalistes d’investigation sur les pratiques d’évasion fiscales opérées par le Luxembourg dont Jean-Claude Juncker, tout nouveau président de la Commission européenne, fut le premier ministre et le ministre des finances, 77 députés majoritairement hostiles aux institutions européennes ont signé une motion de censure contre l’ensemble de la Commission Juncker, motion enregistrée par l’administration du Parlement européen le 18 novembre dernier selon Le Monde.

Le quotidien recense parmi ces signataires des représentants des partis EFDD – qui comprend le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni mené par le Britannique Nigel Farage et le Mouvement 5étoiles de l’Italien Beppe Grillo – mais aussi des représentants de la délégation du Front national à Strasbourg qui n’a pas réussi à constituer un groupe parlementaire. Pourtant connus pour n'être d'accord sur pas grand chose hormis leur hostilité aux insitutions européennes, ces derniers se sont pourtant alliés contre Juncker estimant "intolérable qu’une personne qui a été responsable d’un système d’évasion fiscale soit un représentant de l’Union européenne".

Si cette motion a finalement été rejetée comme on pouvait s’en douter, elle a néanmoins perturbé l'agenda de la Commission. Ainsi, comme le raconte Le Mondequi a suivi l’affaire toute la semaine, "la réunion prévue lundi matin à Bruxelles pour valider les avis sur les budgets 2015 des pays de l’eurozone […] a été repoussée au 28 novembre". De même, toujours selon le quotidien, la motion a précipité l’annonce d'un "grand plan à 300 milliards d’euros" pour l’économie européenne porté par Juncker. Un chamboulement qui inquiète l’eurodéputée socialiste Pervenche Berès citée dans Les Echos: "ce qui est inquiétant, c’est la capacité de nuisance qu’ils incarnent. Ils prouvent qu’ils peuvent prendre en otage l’ordre du jour de la séance plénière du Parlement européen, et rien n’indique qu’ils ne le feront pas à nouveau très vite".

Mais c’est surtout les forces politiques qui sont chamboulées par cette alliance inédite. Pour Les Echos, "cette motion Le Pen/Farage pourrait avoir pour effet inattendu de resserrer les rangs chez les socialistes qui avaient refusé de voter la confiance à la Commission Juncker en octobre". On est loin de la position du député socialiste Yann Galut qui, comme nous l’avions rappelé sur notre plateau consacré à LuxLeaks, appelait Juncker à la démission. La situation est plus complexe du côté de la gauche unitaire européenne (GUE) et des Verts qui ne veulent pas apparaître aux côtés des partis europhobes mais ne veulent pas non plus adouber le président de la Commission. Cité par Le Monde, Gabriele Zimmer, président de la GUE, est amer: "nous avions l’intention de déposer une motion contre la commission Juncker, nous sommes déçus que les Verts et les socialistes ne nous aient pas suivis". De son côté, Pascal Durand, eurodéputé EELV, dans un communiqué envoyé avant le vote, estime qu'"il faut refuser de tenir la main au nationalisme d’un côté ou à l’injustice de l’autre, et, oui, l’abstention s’impose".


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