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DanetteOchoc
Un ami, conseiller de probation, me dit avoir environ une centaine de dossiers à traiter quotidiennement.
Pour bien faire son travail ?
Il en faudrait 30 dit-il.
Que lui demande-t-on ?
De remplir des dossiers automatisés pour évaluer en amont "la dangerosité" des délinquants dont il a la charge par une critérisation des comportements. La logique de l'évaluation, de l'assurance qualité, infiltre tous les champs de la vie, et empêche de se saisir du réel dans sa complexité.
Bref, les propositions de Taubira ne sont pas je pense que des fumigènes, mais ce qu'elles ne disent pas c'est qu'en effet le dispositif de suivi pour les courtes peines existe déjà, qu'il est sous financé et que les logiques budgétaires ne font que renforcer ce mouvement (de dégraissage) et qu'enfin un gigantesque problème de philosophie du travail se pose quotidiennement à des conseillers à qui on empêche de faire leur travail, en dissolvant leur autonomie dans la complétion de procès . -
galanga
Bon, ben, je ne suis pas content.
1/ "Clé de voute de ce système : un suivi personnalisé particulièrement resserré. Excellente réforme, mais coûteuse et...pas vraiment nouvelle."
Comme c'est mon obsession, je ne vais pas laisser passer cela, encore moins sur @SI : l'avis personnel d'un journaliste n'intéresse que lui, et n'a rien à faire dans un vrai article de journaliste, c'est-à-dire qui se veut factuel (faits et citations, avec analyse des liens possible entre eux). Ce mot "excellente" n'a rien à faire là, car il est sans guillemets, sans mention "selon certaines associations / experts (ah ! ah! ah!) / syndicalistes / "des magistrats et chercheurs" (re-ah ! ah! ah!) / etc.".
2/ "Or, une étude sur la récidive réalisée en France a montré que "63 % des sortants de prison sans aménagement de peine étaient à nouveau condamnés dans les cinq ans, contre 39 % pour les sortants en libération conditionnelle".
Cette phrase, dans le contexte dans lequel elle est insérée dans l'article, semble vouloir prouver que l'aménagement de peine aurait pour conséquence une réduction de la récidive. Or, cette causalité n'est absolument pas évidente, ne serait-ce parce qu'on peut tout à fait soutenir la causalité inverse : c'est parce que les détenus ont donnés des preuves (évaluation psychologique, comportement, soutien familial...) de bonnes chances de réinsertion (sans récidive donc) qu'ils ont pu bénéficier d'aménagements de peines. Et donc il est alors logique que ceux qui ont bénéficié d'aménagements parce qu'ils avaient de bonnes chances de ne pas récidiver sont plus nombreux à ne pas récidiver.
3/ Cette fois ce n'est pas vraiment un problème de rédaction de l'article (quoique...), mais il y a cette incohérence flagrante, qui démontre la mauvaise foi manipulatrice de ce torchon de Le Monde :
1ere indication : "Les gouvernements ont adopté 55 textes depuis 2002 qui ont tous poussé à l'incarcération ou alourdi le quantum des peines", indique Le Monde.
2nde indication : Depuis la loi pénitentiaire de 2009, tous les délinquants condamnés à moins de deux ans de prison sont censés bénéficier d'aménagements de peine. Une mesure prise sous Sarkozy pour lutter contre la surpopulation carcérale.
Cherchez l'erreur. (ou disons plutôt l'entourloupe volontaire du Monde).
4/ "Parfois, certains conseillers gèrent 130, voire 180 dossiers (contre 25 pour la Suède). "
Vous comparez dans cette phrase un niveau maximum avec ce qui semble être une moyenne (ce "25 délinquants par agent" est un "critère de répartition des ressources budgétaires"). Ce n'est pas glorieux...
Et de plus vous ne mentionnez pas que la Suède a un "Taux d’incarcération" bien plus important que celui de la France (232,3 contre 138,5/100000hab@2008) et avec une durée de détention aussi plus élevée en moyenne (3,8 contre 0.9 mois@2008)... Donc la Suède, est utilisé ici comme exemple "probant" de causalité entre bon suivi des délinquants et faible récidive, mais cet exemple prêtent à confusion quand à l'impact sur la non récidive, puisqu'on voit par ailleurs que ce pays a aussi bien plus recours à l'incarcération et pour des peines plus longues en moyenne qu'en France, ce qui est assez ressemblant avec une politique dite "carcérale" dénoncée plus haut dans l'article...
Seul le taux plus faible de détention à un instant T (77,2 en Suède contre 103,1/100000hab@2009 en France), et donc apparemment contradictoire pour la Suède avec les deux autres chiffres, permet de comprendre qu'en fait il y a idiotie totale à comparer ces pays, car pris ensemble les trois types de chiffres semblent révéler une très forte disparité dans la répartition statistique des durée de peines entre la Suède et la France ; à chaud, je me dit que ces trois chiffres pourraient indiquer (sous réserve qu'il n'y ait pas eu d'explosion récente de délinquance en Suède les 3 dernières années avant 2008-2009) que la Suède incarcère plus, mais avec une plus forte proportion de très longues peines et... de très courtes peines qu'en France. Et donc que ce pays ne fait pas ce que propose Mme Taubira (à savoir éliminer les très courtes peines de prison).
5/ (contre 65 000 personnes incarcérées début 2012)
Le lien sur "début 2012" ne marche pas. il manque le h à http.
Et surtout, j'ai la désagréable impression qu'il y a une grosse confusion du Monde (et de @SI...) entre le nombre d'incarcérés et le nombre de détenus. L'article du Monde commence par "Avec 66 445 personnes incarcérées, le nombre de détenus dans les prisons françaises a atteint un nouveau record historique le 1er mars".
Si on regarde le glossaire de votre lien "Selon les chiffres du ministère de la Justice", on comprends que l'incarcération représente un flux (nombre de personnes qui entre en détention) tandis que la détention représente un stock (nombre de personnes effectivement en taule à un moment donné).
Bref, je n'y comprends rien.
(relu qu'une fois, fait trop chaud, désolé pour les fautes d'orthographes) -
Daniel
"Cette analyse semble être validée par une enquête de la Commission européenne pour l'efficacité de la justice, parue en octobre 2010. La France ne consacre en effet que 0,19% de son PIB à la justice, ce qui la place au 37ème rang européen en la matière. Nos voisins investissent environ le double : 0,38% pour l'Allemagne, 0,36% pour l'Espagne, 0,43% pour le Royaume-Uni et 0,52% pour la Pologne. Dans ces conditions, il n'est pas surprenant qu'il faille 564 jours, en moyenne, pour qu'une procédure de divorce contentieux aille à son terme. C'est une des durées les plus importantes en Europe.
Ce constat est prolongé si l'on prend en compte le nombre de magistrats par habitants : 10 pour 100.000 environ en France, le double en moyenne en Europe. Pour le même nombre d'habitants, la France a trois procureurs contre 8 à 10 chez nos voisins."
Dans ces quelques phrases piquées à L'Expansion, tout est dit. Tant que l'on reste dans les mêmes eaux, les choses n'ont aucune chance d'avancer. Et tout n'est que verbiage. La probation, comme le reste. 0,19 % du PIB !!!!
Tous les papiers concernant la justice devraient commencer par cette mise en perspective. Pour que l'on sache d'emblée qu'on va ensuite faire l'éolienne débranchée : brasser de l'air sans rien produire d'intéressant. -
joelle lanteri
c'est une excellente stratégie l'enfermement n'a jamais rien donné . mas il faudra travailler avec les centres d'insertion de formation car le chomage est un risque majeur.