L'Islande dit (officiellement) non à l'Union européenne

Anne-Sophie Jacques - - 0 commentaires

Adieu UE.

Hier, comme le raconte Courrier international, "le ministre des Affaires étrangères islandais, Gunnar Bragi Sveinsson, a remis une lettre à la présidence – actuellement lettone – de l'UE et à la Commission, pour les informer de la décision de l'exécutif de ne pas reprendre les négociations". Ces dernières avaient débuté en 2009 sous un gouvernement de gauche alors en pleine crise économique qui a provoqué la faillite des banques islandaises et une chute libre de la monnaie. Fin 2010, en un temps record, les Etats membres de l'UE accèdent à cette demande et décident d'ouvrir des négociations. Cette adhésion ne devait être qu’une promenade de santé à en croire Le Monde aujourd’hui : "en théorie, l’Islande était promise à devenir le 29e membre de l’UE, après la Croatie, intégrée en 2013. Son dossier apparaissait comme plus simple, plus favorable, voire plus logique puisque le pays avait déjà intégré quelque 70 % de la législation européenne".

C’était sans compter l’arrivée au pouvoir en 2013 d’une coalition entre le Parti des Indépendants (conservateur) et le Parti du progrès (centriste) qui avait annoncé la couleur pendant la campagne en se positionnant contre l’entrée dans l’Union européenne. D’ailleurs, l’an dernier, les deux partis s’étaient entendus sur une proposition de loi prévoyant de retirer la candidature du pays à l'UE comme le racontait à l’époque Le Monde. La fin des négociations est donc tout sauf une surprise.

Copie écran du site de Courrier international

La presse tente aujourd’hui d’expliquer ce renoncement mis à la fois sur le compte de désaccords UE / ’Islande sur les questions de pêche et d’agriculture – un dossier jamais abordé dans les négociations depuis 2013 – mais aussi en raison de l’embellie économique dans le pays désormais suffisamment solide pour se passer de l’UE. D’ailleurs, sur son site Internet, comme le signale l’AFP reprise par L’Express, le ministère des affaires étrangères assure que "les intérêts de l'Islande sont mieux servis en dehors de l'Union européenne". A noter également l’analyse du Monde : "les difficultés d’une série de pays, dont la Grèce, ont fait réfléchir les Islandais. La perspective d’un abandon de l’euro par Athènes [… a] renforcé le camp eurosceptique. Une vague nationaliste a même déferlé sur le pays."

Plus surprenant en revanche : ce choix a été pris sans tenir compte de l’avis des Islandais via un référendum comme s’y était engagée la coalition au pouvoir. Dans sa chronique du mois de février, Michel Sallé, économiste spécialiste de l'Islande, auteur de chroniques mensuelles sur le pays et invité de notre émission consacrée aux conséquences de la crise islandaise, y croit toujours et rappelle qu’il est "important que les gouvernants respectent leur promesse d’organiser un référendum, lui fût-il défavorable". C’est raté.

> Des référendums en Islande ? Souvenez-vous : les Islandais ont rejeté par deux fois les référendums sur l'accord Icesave censé organiser le remboursement de plus de 3 milliards d'euros à la Grande-Bretagne et aux Pays-Bas.

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