Libye : autocritique du Monde

Laure Daussy - - 0 commentaires

"Impossible de ne pas poser la question de la pertinence de l’intervention des Etats-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne à l’appui de la rébellion de 2011 – intervention que Le Monde a approuvée sans réserve à l’époque." Dans un édit daté du 31 juillet, Le Monde fait son auto-critique quant à son soutien à une intervention armée en Libye en 2011.

Le Monde dresse le portrait d'une Libye actuellement en proie au chaos. "La Libye se décompose. Les rares structures politico-administratives mises en place après 2011 s’effondrent. La vie économique est à l’arrêt. L’une après l’autre, les grandes missions diplomatiques s’en vont, de même que l’ONU et nombre d’ONG. Tripoli, la capitale, et Benghazi et les grandes villes, celles qui hébergent la moitié d’une population de quelque 7 millions d’habitants, sont le théâtre d’affrontements entre bandes armées rivales. Depuis deux semaines, les combats ont gagné en intensité." Le Monde ajoute : "A la dictature féroce, tribale, prédatrice qu’était le régime de Kadhafi a succédé le règne des milices – elles aussi prédatrices, tribales et parfaitement étrangères à l’idée même d’un Etat de droit."

Aussi Le Monde se demande s'il était pertinent que les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne interviennent pour appuyer la rébellion de 2011. Le Monde, à l'époque, l'avait soutenue "sans réserve", souligne l'édito. L'intervention en Libye avait commencé le 19 mars 2011. A l'époque, c'est Érik Izraelewicz qui était à la tête du journal. 

@si a retrouvé un édito de l'époque, en date du 15 mars intitulé : "il est temps d'aider la rébellion libyenne". Comme tous les éditos du Monde, il n'est pas signé. On peut lire : "Une intervention, serait-elle a minima, comporte toujours d'énormes risques. Mais ceux que l'inaction ferait courir à la population libyenne s'annoncent plus graves encore. On sait ce dont Kadhafi est capable; il a prévenu qu'il mettrait le pays à feu et à sang.Nicolas Sarkozy a raison. Il faut un geste militaire pour aider les rebelles à sanctuariser Benghazi. Ce peut être une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la ville. Américains et Européens en ont les moyens, largement. Il est temps de les mettre en œuvre."

Le Monde avait publié également une tribune pro-intervention, le 17 mars 2011, veille des premières frappe de la coalition, co-signée notamment par Bernard-Henri Levy, qui avait milité fortement pour l'intervention en Libye, et qui est par ailleurs membre du conseil de surveillance du Monde.

Avec Adèle Bellot

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