Libération : révolte des salariés contre les actionnaires

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Les journalistes de Libé ne veulent pas devenir les serveurs d'un "Flore du XXIe siècle". Les salariés de

Libération ont cessé la grève qui avait empêché la sortie du journal vendredi. A la Une et sur cinq pages dans l'édition en kiosque ce samedi, ils expliquent leur colère face au projet présenté par les actionnaires du journal, et qu'ils ont reçu par mail dans l'après-midi de vendredi. Un projet qui prévoit de déménager la rédaction en banlieue et, avec l'éventuelle collaboration du designer vedette Philippe Starck, de transformer l'immeuble qui l'abrite actuellement, dans le quartier de la République, en un "espace culturel et de conférence" avec bar, restaurant etc.. sous "la marque Libération".

"Nous sommes un journal pas un restaurant, pas un réseau social, pas un espace culturel, pas un plateau télé, pas un bar, pas un incubateur de start-up" annoncent à la Une les salariés de Libération, révoltés face au projet de leurs actionnaires concernant l'immeuble qui abrite actuellement le journal.

"Après vingt-quatre heures de grève, les salariés de Libération ont décidé d’interrompre le mouvement pour expliquer aux lecteurs la crise qui secoue le journal" explique l'édito "making of" en dénonçant "le projet des actionnaires qui, vendredi, a provoqué la stupéfaction puis la colère de l’équipe, tant il est éloigné de notre métier et de nos valeurs. (...) S’il était appliqué,Libération se verrait ramené à unesimple marque."

Libération évoque les réactions face au projet des actionnaires : "«foutage de gueule», «insulte», «bras d’honneur».C’est ainsi qu’a été accueilli vendredi vers 17heuresle texte des actionnaires du journal."

Pour les salariés : "il s’agit désormais de construire un Libéland, un Libémarket, un Libéworld. Un losange rouge avec rien derrière, dix lettres qui ne signifient plus grand-chose, sinon le prix auquel on veut bien les «monétiser» : Libération."

Les actionnaires présentent leur projet en page 3 : ils pensent créer un "Flore du XXIesiècle" exploitant la "marque Libération": "les actionnaires, avec l’aide de Philippe Starck, réfléchissent actuellement aux possibilités qui permettraient, au côté d’un déménagement devenu inéluctable, de maintenir les 4 500 m2 de l’immeuble de la rue Béranger, siège historique du journal, en créant un espace culturel et de conférence comportant un plateau télé, un studio radio, une newsroom digital, un restaurant, un bar, un incubateur de start-up, bref un lieu d’échange ouvert et accessible à tous, journalistes, artistes, écrivains, philosophes, politiques, designers,etc."

En résumé, concluent les actionnaires "L’ensemble dont l’esprit serait celui d’un «Flore du XXIe siècle», carrefour de toutes les tendances politiques, économiques ou culturelles, serait porté par la puissance de la marque Libération."

Lire notre reportage : Un troisième homme à la tête de Libé

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