Libération écrit sur la "magouille TVA" de Drahi (en citant Niel)
Robin Andraca - - Financement des medias - 0 commentaires Voir la vidéoA Libération, il est interdit de troller Patrick Drahi sur les réseaux sociaux. En revanche, on peut dire, sur le site, qu'il a inséré de la presse dans ses forfaits téléphoniques pour bénéficier d'une TVA réduite. Le tout en s'appuyant sur la citation d'un des plus grands concurrents de Drahi, Xavier Niel.
La question est posée par un certain Djaffar à CheckNews, service mis en place le 19 septembre dernier par le service Desintox de Libé, qui répond depuis directement aux questions des internautes. Elle est simple : "Est-il vrai que Patrick Drahi a mis de la presse dans ses forfaits téléphoniques pour bénéficier d'une TVA réduite ?". La réponse est limpide : "En offrant à ses abonnés mobile et fixe la lecture des journaux du groupe (dont Libération) dans des offres combinées, SFR a appliqué le taux réduit de la TVA presse (2,1% contre 20% pour la téléphonie) à une partie de la facture acquittée par les abonnés".
Dans cet article, les journalistes de Libé précisent aussi que ce modèle aurait permis au groupe d'économiser entre 216 et 360 millions d'euros de TVA, en se fondant sur les comptes du Syndicat de la presse indépendante d'information en ligne. Comble de l'irrévérence : dans sa réponse, Libé cite Xavier Niel, l'un des concurrents directs de Drahi dans le secteur de la presse et des telecoms, et qui avait dénoncé, le 22 octobre, une "magouille de TVA" de Drahi sur le plateau de l'émission de Mouloud Achour, Clique Dimanche, diffusée sur Canal+.
Quand Niel tacle Drahi sur Canal+
Comme l'explique aussi Libé, cette économie pourrait bientôt être partiellement remise en cause par les parlementaires. "Dans le projet de loi de Finances, l'Assemblée nationale a voté un amendement au code des impôts limitant l'application de ce taux réduit aux seules sommes versées aux journaux en échange de l'intégration des contenus", explique CheckNews. Si cet amendement était voté, l'économie de TVA serait beaucoup moins importante pour SFR (et se limiterait à 10 millions d'euros selon Les Echos, cité par Libé).
Ce n'est pas la première fois que CheckNews répond à une question sur son patron. Le 9 octobre, un certain Johan avait déjà demandé : "Pouvez-vous critiquer Patrick Drahi, dirigeant de l'empire luxembourgeois Altice et surtout propriétaire de Libération ?". Qu'avaient répondu les journalistes du quotidien ? "Traite-t-on Patrick Drahi à Libération avec la même liberté que des journalistes n'appartenant pas à son groupe de presse? Il serait naïf de le prétendre sans réserve. Probablement que certains médias seraient plus enclins à lancer certaines enquêtes sur Patrick Drahi. Probablement y a-t-il une part d'autocensure". Avant de rappeler qu'il y avait eu dans le quotidien de Drahi davantage d'enquêtes sur SFR que sur Free ou Orange. Récemment, avec en toile de fond une assemblée générale houleuse, Libé avait aussi publié une double page pour le moins critique sur la stratégie globable de Drahi à la tête du groupe, titrée : "Patrick Drahi, avec SFR, le risque du très haut dépit".
Pour le reste, la situation à Libération, qui a récemment déménagé pour rejoindre la pépinière Altice (L'Express, RMC, BFMTV, etc.), reste toujours aussi floue. Depuis le plan social de 2014 qui a occasionné le départ de près de 90 salariés, la rédaction, à l’effectif amoindri, navigue à vue. Le 20 novembre, lors du prochain comité d'entreprise, le nouveau directeur général du journal, le sixième en deux ans, devrait être présenté. Des réponses devraient aussi être apportées aux journalistes, qui ont notamment demandé un droit de vote sur la nomination du successeur du numéro 2 de Libé, Johan Hufnagel, parti rejoindre une start-up vidéo.