Libé : "Une lepéniste" ?

Anne-Sophie Jacques - - 0 commentaires

Libération fait-il une Une lepéniste qui sert la stratégie du Parti socialiste ?

C’est l’analyse d’Antoine Léaument, adhérent du Parti de Gauche et du mouvement pour la Vie République, formulée dans un billet paru sur son blog, suite à la publication de la Une du Libé du jour. Sur cette dernière, on voit Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy sur fond noir ; la première est en haut, au-dessus du titre "FORTE malgré le désordre", tandis que le second est en bas affublé du titre "FRAGILE malgré l’unité".

Pour Léaument, cette mise en scène met en valeur Marine Le Pen qui est "au-dessus, donc elle est plus forte, donc elle est meilleure, donc c’est elle qui gagne". Il pointe également le choix des photos : "en haut, Marine Le Pen souriante, déterminée, le regard vers l’horizon, le poing fermé et le bras tendu comme sur un pupitre de meeting. Se dégage de cette photographie une impression de force, de droiture. En dessous, Nicolas Sarkozy, le visage à moitié dans l’ombre (ce qui symbolise la dualité du personnage, le mensonge, l’idée qu’il existe chez lui un côté obscur), un sourire crispé, le regard vers le sol, les mains en train de rattacher un bouton de veste, dans une position penaude, comme un enfant qui a fait une bêtise et qui se tient les mains". Enfin, il raille les deux titres et leur typographie : "du seul fait de l’utilisation de capitales d’imprimerie pour le qualificatif personnel, ce qu’on retient au premier coup d’œil c’est que Marine Le Pen est «FORTE» et que Nicolas Sarkozy est «FRAGILE»".

Conclusion de Léaument : la Une de Libération sert la stratégie du PS qui veut faire monter Le Pen : "bien sûr, la faire monter sans la faire gagner, mais la faire monter. Pourquoi ? Parce que toutes ces belles personnes sont persuadées que faire monter Le Pen, c’est faire baisser la droite dite «républicaine» (comprenez : les Républicains (ex UMP)) au premier tour et se retrouver avec un deuxième tour PS-FN où, pensent les très intelligents, il est facile de gagner face à l’extrême droite". Avec cette Une donc, "Libé agit donc largement au service de cette stratégie du chaos. Non pas parce qu’il recevrait des ordres directs mais simplement parce que les journalistes, secrétaires de rédactions et rédacteurs en chef qui y travaillent ou y ont travaillé partagent la vision du monde qui est celle des acteurs politiques du PS."

Interrogé par @si, Johan Hufnagel, numéro deux de Libé, ne souhaite pas "commenter la théorie du complot". Il ajoute : "les journalistes de Libération ne sont pas proches du PS. Il suffit de lire le journal. Ceux qui veulent voir autre chose que les faits que nous rapportons dans des enquêtes de terrain, le poids de Marine Le Pen dans son parti et celui de Nicolas Sarkozy dans le sien, font de la pensée magique. Ils sont dans la surinterprétation permanente."

>> Cette semaine déjà, Libération s'est fait remarquer avec sa photo "pourrie" de Jean-Luc Mélenchon. L'occasion de relire notre chronique qui lui était consacrée.

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