Libé : l'actionnaire annonce "moins de journalistes"

Anne-Sophie Jacques - - 0 commentaires

"Le journal n'appartient pas aux journalistes. On n’est pas en Union soviétique".

Au moins, le ton est donné par Bruno Ledoux, l’actionnaire de référence de Libération.

A la veille de la reprise des discussions autour du plan d’économies avec les salariés, Ledoux s’est épanché sur l’avenir du quotidien lors d’un master class à l'Institut européen de journalisme (IEJ). Et l'avenir est plutôt sombre... pour les journalistes.

Ledoux annonce tout d’abord une restructuration "très conséquente" et inévitable. Les salariés sont prévenus d’après Les Echos qui citent l’AFP : "il y aura moins de journalistes qu’aujourd’hui". Et de critiquer les journalistes qui produisent un article par mois ou qui refusent d’écrire pour le web ou pour d’autres rubriques.

Selon Ledoux, "les mécènes c’est fini. Une entreprise de presse doit se considérer comme une entreprise normale, sinon elle est condamnée". Il affirme par ailleurs avoir trouvé trois ou quatre entrepreneurs français pour lever 12 millions d’euros, et que certains investisseurs potentiels, comme Xavier Niel (patron de Free et actionnaire du Monde), sont en position d’attente au cas où il renoncerait (tout en précisant qu’il n’échouera pas).

Un master class très suivi également par les salariés de Libé qui publient les petites phrases de l’actionnaire sur leur compte twitter ouvert depuis la fameuse une Nous sommes un journal. Extraits : "Parce que Libé est rock, désinhibé et sans limite, il doit devenir LE quotidien des jeunes !" ou encore "Le Monde est sympa mais pas rock et Le Figaro quand même très conservateur". Sur le départ de Nicolas Demorand et Philippe Nicolas : "C’était vide au niveau du management, il n’y avait pas de leadership, pas de projet." Sympa.

Cette leçon de journalisme risque de rester dans les annales… et surtout en travers de la gorge des salariés. L’un d’eux a d’ailleurs rappelé sur twitter que l’annonce de cette restructuration représentait un délit d’entrave, tout comme l’annonce du projet des actionnaires il y a un mois. En effet, les actionnaires sont tenus d’informer le comité d’entreprise avant de rendre publique toute information concernant le sort de l’entreprise. La semaine passée, les salariés se laissaient la possibilité d’assigner en justice les actionnaires.

>> Un épisode de plus dans le feuilleton Libé que vous pouvez retrouver dans notre dossier consacré à la crise du quotidien.

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