"Liaisons dangereuses avec Taubira" : Plainte d'Anticor contre Le Figaro

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"Peut-on faire partie d'une association anticorruption tout en étant ministre, plus précisément garde des Sceaux et donc responsable du parquet?"

s’interrogeait Le Figaro hier, lundi 9 novembre 2015. Selon le quotidien, "des courriels, échangés entre les membres de l'association anticorruption", montreraient en effet "sa proximité avec la garde des Sceaux". Pour appuyer ces affirmations, le quotidien reproduit plusieurs mails échangés entre membres de l’association, qui demandent que Taubira sorte du comité de parrainage.Ces échanges font suite à des propos de Patrick Buisson fin 2012. L’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy voulait en effet attaquer Taubira pour violation de la séparation des pouvoirs.

"Au risque de paraître monomaniaque, il me semble plus qu'urgent que Taubira sorte du comité de parrainage et que soit inscrit dans les statuts qu'un ministre en exercice ne peut en faire partie", écrivait en 2012 une membre du bureau d'Anticor, Suzanne Devallet, dans les mails reproduits par Le Figaro. Le délégué national de l’association, Jean-Luc Trotignon, s’y refusait pourtant : "l’en retirer, ce serait la désavouer". Il précisait toutefois : "Il ne faut avoir aucun contact actuellement et pour un long moment avec CT (Christiane Taubira, NDLR), la moindre fuite d'un tel contact servirait tous ceux qui prétendent que nous agissons de connivence".

Une précaution insuffisante pour l'article du Figaro d'hier : "la plainte de l'association contre Buisson a peut-être été un peu orientée par le cabinet Taubira et peut-être par la ministre elle-même" estime une source anonyme citée par le quotidien, à propos de l’enquête sur les sondages de l’Elysée dans laquelle Anticor s’était portée partie civile. Deux "peut-être" qui n’empêchent pas Le Figaro de conclure avec un "CQFD" cinglant.

"Anticor a décidé de déposer plainte"



Dans une réponse à l’article, Anticor fustige aujourd'hui un manquement à la "déontologie journalistique" du Figaro, puisqu’aucun "responsable d’Anticor n’a été invité à répondre à cette accusation". "D’autre part, cette pseudo démonstration, qui tend à faire croire qu’Anticor serait téléguidée par Christiane Taubira, est à ranger dans la catégorie des thèses complotistes. Et comme elle porte gravement atteinte à son honneur, Anticor a décidé de déposer plainte pour diffamation contre Le Figaro", conclut l'association.

Dès 2012, Anticor avait par ailleurs déjà répondu aux accusations concernant Taubira. "Elle est entrée au Comité de parrainage d’Anticor il y a une bonne demi-douzaine d’années […] Christiane Taubira nous a apporté ce soutien symbolique à nos débuts. C’est tout à son honneur et nous l’en remercions. Cependant, elle n’a jamais été elle-même adhérente de notre association. Elle aurait pu, en tant que membre de notre Comité de parrainage non adhérente, assister aux quelques Conseils d’administration annuels d’Anticor sans droit de vote, mais elle ne l’a jamais fait. […] Elle avait concrétisé son parrainage en étant présente à nos côtés lors de nos remises de Prix éthiques et Casseroles annuels en mars 2005 et en janvier 2007. Depuis cette dernière date, elle n’a jamais plus participé à une seule manifestation ou réunion d’Anticor."

Alors pourquoi cet article en 2015 du Figaro ? Anticor a une petite idée : "[Qu’Anticor] se soit récemment constituée partie civile contre Serge Dassault, propriétaire de ce journal, est sans doute une coïncidence…" Sans doute une explication "à ranger dans la catégorie des thèses complotistes" pour Le Figaro.

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