L'Express : Drahi "fossoyeur" (journalistes)

La rédaction - - 0 commentaires

Avis de tempête au groupe L'Express.

Racheté par Patrick Drahi (déjà propriétaire de Libération, i24 News et actionnaire de BFMTV), le groupe devrait annoncer un vaste plan de licenciement. Près de 150 postes seraient menacés, sans compter la centaine de départs volontaires annoncés, sur un total de quelque 720 salariés.

De quoi susciter de vives inquiétudes chez les journalistes. Dans une lettre ouverte à Drahi, la SDJ de L'Express dénonce "la dégradation rapide de la qualité du journal" et une stratégie qui "s’est réduite à des mesures destructrices, sans que jamais aucun projet de développement éditorial et d’investissement n’ait été exposé"."Intéressez-vous à l’info autant qu’aux tuyaux (...) Réduction du nombre de journalistes au sein d’une équipe saignée depuis plusieurs années, baisse brutale des budgets, désorganisation de la rédaction, déclin des moyens alloués à la relecture et à la vérification de l’information, non-paiement systématique de fournisseurs (agences photo, pigistes, illustrateurs, Palmarès des livres de L’Express…). Toutes ces pratiques, dont certaines sont inédites dans ce journal, nuisent gravement au contrat de qualité et de confiance noué, il y a soixante-deux ans, par Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud avec les lecteurs, et qu’avaient respecté les propriétaires précédents (...) A l’heure où Altice Media se prépare à mettre en œuvre un plan massif de licenciements dans l’ensemble du groupe, nous vous demandons solennellement de renoncer à cette stratégie de destruction de valeur, suicidaire pour notre titre", poursuit le communiqué. Avant de conclure : "Dans quel but avez-vous acquis le premier newsmagazine de la presse française ? Avez-vous l’intention d’en être le fossoyeur ?"

Drahi, fossoyeur ? Souvent présenté comme le rival de Xavier Niel (co-propriétaire du Monde et de L'Obs), Drahi a pourtant une stratégie très différente du fondateur de Free. C'est ce qu'explique Julia Cagé, professeure d’économie à Sciences-Po et auteure d'un livre sur la concentration des médias : "Niel a investi dans les médias dont il est devenu actionnaire. Ainsi, au Monde comme au Nouvel Observateur, le nombre de journalistes n'a pas diminué. Au contraire, Drahi a fait fondre les effectifs de Libération et s'est engagé dans la même voie à L'Express. Un peu comme s'il n'avait fait le choix d'acquérir ces marques que pour les vider de leur coquille", a-t-elle déclaré au site Latribune.fr.

L'occasion de relire notre article : "Magnats des médias : pourquoi Drahi n'est pas (tout à fait) Messier"

Lire sur arretsurimages.net.