L'ex-procureur Nadal soutient Aubry

Dan Israel - - 0 commentaires

L'ancien premier proc' de France soutient Martine Aubry.

Dans une longue interview à Sud-Ouest, Jean-Louis Nadal, qui fut jusqu'au 30 juin le procureur général de la Cour de cassation, plus haut poste du parquet français, tire à boulet rouge sur les "responsables politiques", qui s'égarent "en ne respectant ni les juges, ni la justice". Implicitement, il accuse Nicolas Sarkozy et ses gouvernements d'instrumentaliser la justice et de tenter de la rendre inoffensive pour leur camp.

Et c'est parce qu'elle veut notamment donner son indépendance au parquet, que Nadal soutient Martine Aubry, indique-t-il au quotidien régional : " La justice a été profondément malmenée ces dernières années, et je sens par tous mes pores l'exigence de justice et de compréhension de la justice qu'expriment nos concitoyens. (…) Je suis avec beaucoup d'attention les propositions que les candidats potentiels formulent. Ce que je vois et entends me paraît souvent manquer d'ambition. À l'exception de Martine Aubry.»"

Ces déclarations ne sont pas totalement surprenantes. Dans les années 1980, Nadal a été membre de cabinet de Robert Badinter, garde des Sceaux de François Mitterrand. Aujourd'hui encore, il se dit "fier d'avoir travaillé aux côtés de ce garde des Sceaux exceptionnel". Et il a régulièrement critiqué publiquement la façon dont les politiques traitaient la justice, particulièrement en janvier, lors de son dernier discours officiel pour la rentrée de la Cour de cassation. Les mêmes thèmes reviennent dans l'interview et ce dernier discours, et notamment l'appel répété à réformer le parquet, trop dépendant du pouvoir.

Mais cette interview intransigeante oriente également la perception que l'on pouvait avoir jusqu'à présent de l'affaire Tapie : en effet, c'est Nadal qui a lancé l'enquête de la Cour de justice de la République contre Christine Lagarde, accusée d'avoir imposé, contre l'intérêt de l'Etat, un règlement arbitral privé à l'affaire. Règlement qui a permis à Bernard Tapie de toucher 400 millions d'euros, payés par le contribuable. La demande d'ouverture de l'enquête, faite par Nadal, était-elle un acte politique ? Question balayée par Nadal : "En ma qualité de procureur général auprès de la Cour de justice de la République, j'avais l'obligation d'examiner les plaintes qui m'étaient adressées au regard notamment d'infractions à la loi qui pourraient avoir été commises, rétorque-t-il. C'est ce que j'ai fait, en toute conscience, après un examen sourcilleux des faits." En évoquant Badinter, il affirme encore : "Il m'a inculqué le sens de l'État, dont je ne me suis jamais départi, et j'en suis fier."

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