Lettre Commission européenne : Renzi publie, pas Hollande

Vincent Coquaz - - 0 commentaires

"Le temps des lettres secrètes est terminé"... en Italie. Alors que Matteo Renzi a rendu publique une lettre "confidentielle" de la Commission européenne qui lui demande des comptes sur son budget, François Hollande n'en voit lui pas l'intérêt.

Matteo Renzi, le rebelle ? "Nous allons publier les données sur tout ce qui est dépensé par ces palais. On va bien s’amuser !" a lancé hier le premier ministre italien, à propos des institutions européennes, en marge du sommet des dirigeants de l'UE à Bruxelles. La "menace" de Renzi vient surtout après que son gouvernement a rendu public, un peu plus tôt, la lettre que lui a adressée la Commission européenne. Sur un ton très diplomatique, cette dernière s'inquiète d'une "déviation importante" en termes d'objectifs budgétaires et de réduction de la dette et demande à Renzi "d'exprimer son point de vue sur la question, le plus tôt qu'il lui conviendra et si possible avant le 24 octobre".

Rédigée en anglais, la lettre "strictement confidentielle" de la Commission européenne au gouvernement italien a été publiée sur le site du ministère de l'économie et des finances.

La publication de la lettre a pris de court le président de la Commission, José Manuel Barroso (qui laissera sa place à Juncker le 1er novembre), note le Huff Post. "La Commission européenne n'est pas favorable à cette publication car nous sommes en train de poursuivre des consultations informelles avec différents gouvernements", s'est ainsi agacé Barroso. En face, Renzi s'amuse de la "surprise du président de la Commission" : "l'envoi de la lettre a été révélé par le Financial Times, je crois que le temps est venu de la transparence totale. Le temps des lettres secrètes est terminé", a estimé le chef du gouvernement italien, en référence à un article du Financial Times qui annonçait qu'une lettre serait bientôt envoyée, sans la publier. Hier soir, Renzi continuait son opération (de com ?) en lançant le hashtag #OpenEurope ("Europe ouverte").

"Nous publierons toutes les lettres et surtout toutes les données économiques des palais de Bruxelles #openeurope"

Un courrier aussi reçu par la France

Mais le Financial Times révélait surtout que la fameuse lettre n'a pas été envoyée qu'à l'Italie, mais aussi à l'Autriche, la Slovénie, Malte... et la France. Interrogé sur la question à son arrivée au sommet européen, François Hollande semble en fait adopter une position (beaucoup) plus conciliante que celle de Renzi, et a tenté de désamorcer la polémique par l'humour. "Avec la Commission nous dialoguons par la voie téléphonique, pas encore par la voie de tweets, et par la voie épistolaire", s'est amusé Hollande, estimant que la lettre de la Commission est un courrier "très banal" qu'on "peut ne pas publier", rapporte France Info. Pour lui, c'est une lettre "qui demandait simplement de l'information, qui demandait à poursuivre le dialogue".


Trop tard : plusieurs voix s'élevaient déjà pour demander la publication de la lettre adressée à la France. Sur Twitter, un économiste de l'OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques), Xavier Timbeau, exigeait la "lettre de la Commission sur le projet de budget français". Idem pour les "frondeurs modérés" de Cohérence socialiste (dont Karine Berger, ex-conseillère économique de François Hollande que nous recevions sur notre plateau juste avant la présidentielle), qui ont publié un communiqué exigeant que la lettre soit "immédiatement publiée" par souci de "transparence".

Retrouvez la suite de "l'affaire des lettres" dans notre observatoire : Les lettres de Bruxelles que tout le monde voulait publier, sauf l'Elysée

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