Les Républicains : comment les nommer ?

Daniel Schneidermann - - 0 commentaires

L'avantage du changement de nom de l'UMP, qui occupe les journalistes politiques

au détriment de tout autre sujet depuis un bon mois, c'est qu'il est désormais possible de déterminer le degré d'allégeance d'un journaliste, ou d'un éditorialiste, à la manière dont il dénomme la nouvelle entité, et son président.

Par ordre d'allégeance décroissante, on pourra d'abord compter ceux qui évoquent "Sarkozy, président des Républicains". C'est une capitulation en rase campagne devant l'annexion sarkozyste de la République. La palme de la trouvaille la plus hypocrite en matière de résistance passive est décernée à "Sarkozy, président de les Républicains" (oui oui, de bonne source, la formule a été entendue à la radio). Sous couvert de se conformer servilement à la consigne, le locuteur en souligne l'absurdité par l'emploi d'un barbarisme écorche-oreille. A l'autre extrémité du classement, les ultra sarko-allergiques seront facilement repérés par l'emploi de "LR", ou pire encore, "le parti LR", c'est à dire par l'ellision complète du substantif "républicains", comble de la rebellitude.

Est-ce à dire que la stricte neutralité est impossible, qu'il est impossible de trouver une appellation ne trahissant rien des préférences et des convictions profondes du locuteur ? Rien n'est jamais impossible. Si la neutralité parfaite est toujours par définition inatteignable, on peut toujours y tendre. Par exemple, "Sarkozy, président du parti Les Républicains" ménage la chèvre-Sarkozy et le chou de la République, représente une manière élégante d'adopter la nouvelle appellation, en rappellant néanmoins que l'entité sarkozyste reste un parti politique parmi tous les autres. Un peu comme, à propos de l'Etat islamique, l'appellation "groupe Etat islamique" permet de concilier le respect du nom choisi par l'entité innommable, et l'indispensable distance journalistique. Inconvénient : c'est plus long, et les journalistes, génétiquement, n'aiment pas faire long. A suivre.

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