Les ongles de Marie-Thérèse

Alain Korkos - - 0 commentaires

Marie-Thérèse Houphouët-Boigny, veuve du président ivoirien décédé en 1993, court après les millions de son héritage, nous raconte aujourd'hui Le Monde.

Marie-Thérèse Houphouët-Boigny


Celle qui avait connu les « dîners avec le couple impérial d’Iran, les Kennedy, les De Gaulle, les Chirac ou Senghor » vit désormais en recluse dans un village de Haute-Savoie, peut-on lire dans un article du Monde intitulé Marie-Thérèse à la poursuite des millions disparus d’Houphouët-Boigny. « Entre la télévision et la broderie, elle s’ennuie. Même la très belle vue sur Genève ne la console pas. C’est là, dans les coffres des banques, que s’est évaporée la fortune dont elle pensait hériter. »

Sont ensuite détaillés par le menu les multiples rebondissements de cette très complexe affaire dans laquelle une poignée d'avocats français, suisses et ivoiriens ont reversé l'héritage de feu Félix Houphouët-Boigny aux enfants de son premier mariage. Un héritage faramineux dont Marie-Thérèse, seconde épouse, tente aujourd'hui à quatre-vingt-quatre ans de récupérer quelques miettes. « Elle devrait être entendue en février par le parquet de la République de Genève », nous dit Le Monde.

Félix Houphouët-Boigny, tout premier président de la Côte d'Ivoire qu'il dirigea de 1960 jusqu'à sa mort en 1993, épousa en 1952 et en seconde noces la jeune et jolie Marie-Thérèse Brou. Leur mariage fut tumultueux, Félix eut plusieurs maîtresses, mais Marie-Thérèse, qu'on surnommait la Jackie Kennedy noire, ne s'en laissa pas conter. On la disait prête à griffer ses rivales.

Félix Houphouët-Boigny, alors Premier ministre de la Côte d'Ivoire,
et son épouse Marie-Thérèse aux Nations unies en 1959

John F. Kennedy et son épouse Jackie, recevant pour dîner Félix Houphouët-Boigny
et son épouse Marie-Thérèse, 22 mai 1962


Quand, il y a quelques dizaines d'années, le fabricant de textiles néerlandais Vlisco imprima le pagne ci-dessous, d'Abidjan au quartier de Château-Rouge à Paris on le surnomma les Ongles de Marie-Thérèse :


Car c'est ainsi que les choses vont : les fabricants de tissus inventent des motifs de pagnes auxquels la rue souvent attribue un surnom ; les femmes s'en revêtent ensuite pour faire passer un message. Ainsi, celles qui portent les Ongles de Marie-Thérèse doivent être approchées avec précaution…

Tous les tissus ne sont pas dotés de surnoms, et ceux qui en ont ne doivent pas forcément être interprétés. Mais cette tradition est néanmoins vivace. Voici cinq des tissus les plus célèbres, dont les noms et le sens sont bien connus (les noms peuvent varier selon les pays, ici sont indiqués les plus courants) :

Mari capable
(car celui qui a assez d'argent
pour offrir ce pagne à son épouse est capable, oui)

La famille ou Famille Poulet

L'oeil de ma rivale
(il est rouge, car elle va beaucou pleurer)

Chéri ne me tourne pas le dos
(symbole de la mésentente au sein du couple)

Ton pied mon pied
(symbole du couple uni)


L'occasion de lire ma chronique intitulée L'Afrique prend l'eau à Paris.

Lire sur arretsurimages.net.