Les ONG environnementales, dangereuses pour l'écologie ? (Reporterre.net)

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Outre-atlantique, on les appelle les "Big Greens". Il s'agit des principales organisations environnementales. Dans un entretien au Earth Island Journal, traduit par le site Reporterre.net, Naomi Klein, journaliste canadienne et militante altermondialiste, dénonce l'engagement de ces ONG au côté des grandes entreprises. C'est ce partenariat contre-nature, en validant l'idéologie néolibérale, qui aurait conduit à l'échec de la politique environnementale.

"Le mouvement écologiste fait preuve d’un déni profond quand il s’agit des « Big Greens », les principales organisations environnementales. Selon moi, celles-ci ont fait plus de dégâts que les négationnistes climatiques de droite. Si on a perdu tellement de temps, c’est bien à cause d’elles, qui nous ont tous entrainés dans une direction débouchant sur des résultats déplorables", déplore Naomi Klein. Exemple ? Les échanges de permis d'émission de CO2, définis par le protocole de Kyoto. Alors que la droite avait combattu ce dispositif pour des raisons purement économiques, les grandes ONG l'avaient validé. Or, pour Klein, "le niveau de réduction des émissions dont nous avons besoin dans les pays développés est incompatible avec la croissance économique". Traduction : une vraie politique écologique est impossible sans changer de modèle économique. Or, précisément, de nombreuses ONG ont préféré faire des partenariats avec les grandes entreprises plutôt que de militer pour un changement de système.

"Nous avons globalisé un modèle économique insoutenable d’hyperconsommation. Il se répand dans le monde avec succès, et il nous tue. (…) Les groupes environnementalistes n’ont pas été les spectateurs de ce phénomène, ils en ont été les partenaires. Ils voulaient en faire partie", assure Klein. La journaliste pointe surtout les ONG nord-américaines qui ont "accepté, voire soutenu, le traité de libre-échange entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique, dit Alena, malgré son l’abaissement des protections de l’environnement qu’il impliquait", souligne Reporterre.net, animé par l'ancien journaliste du Monde, Hervé Kempf. Naomi Klein estime en revanche que la situation est différente en Europe puisque plus d'une centaine d'organisations ont réclamé la fin du marché du carbone. "C’est le genre de choses que nous devons faire maintenant. Nous n’avons plus le temps de perdre du temps", conclut-elle.

Cette interview a suscité une vive polémique. Le site ClimateProgress estime par exemple que les accusations de Klein sont infondées. La preuve ? Dans le cadre du protocole de Kyoto, les émissions de gaz carboniques ont bien diminué (ce que confirme un article du Monde d'octobre 2012).

Cette charge contre les ONG environnementales n'est pas nouvelle. Le journaliste français, Fabrice Nicolino, que nous avions reçu sur notre plateau, avait dénoncé dans un livre "Qui a tué l'écologie ?", les ONG comme Greenpeace, WWF ou France nature environnement, coupables selon lui, de ne plus remplir leur rôle à cause de leurs structures trop lourdes, trop bureaucratisées. Il les avait notamment épinglées au sujet des gaz de schiste, ces ONG étant étrangement absentes du mouvement à ses débuts.

L'occasion de revoir notre émission avec Fabrice Nicolino : "Les écolos ont-ils renoncé à franchir les lignes j@unes ?"

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