Les journaux, grands perdants du scandale Murdoch ? (NY Times)
La rédaction - - 0 commentairesLe scandale de l'affaire des écoutes téléphoniques en Grande-Bretagne aura fait une victime inattendue,
selon le New York Times : tous les journaux. La commission d'enquête Leveson bat son plein en grande-Bretagne. Après les premiers ministres Gordon Brown et John Major, c'était au tour de David Cameron de s'expliquer la semaine dernière. Cette investigation publique sur l'éthique des médias (dont @si rend compte régulièrement) a été initiée en juillet 2011, suite au scandale des écoutes téléphoniques réalisées par l'hebdomadaire News of the World et des liens entre le gouvernement Cameron et le groupe de presse de Rupert Murdoch. |
Les thème centraux d'investigation ? "La culture, la pratique, et l'éthique de la presse britannique." Le 18 juin, le New York Times a publié le 18 juin un article mettant en perspective les conclusions de l'enquête. Et il est sévère : "Après des mois d'auditions révérencieuses, il semblerait presque déplacé de se demander si l'enquête Leveson sur les médias britanniques est devenu un enjeu mineur, non pas tant du fait de la découverte des relations entre la presse et les pouvoirs, que de la difficulté des journaux à tirer une leçon durable de leurs erreurs", balance le quotidien américain.
Selon le New York Times, les auditions ont confirmé ce qui était déjà largement soupçonné, à savoir que "les politiciens britanniques ressentaient presque autant de ressentiment que de respect mêlé de crainte devant le pouvoir de l’immense entreprise médiatique de M. Murdoch, dont les lieutenants travaillaient assidument à obtenir l’accès au noyau interne de ceux qui détenaient le pouvoir." Mais elles ont aussi permis de dégager une question épineuse : celle de l'avenir du journalisme.
Lors de son audition, l'ancien premier ministre Gordon Brown n'a pas seulement critiqué les journaux du groupe Murdoch. Il s'est aussi interrogé sur les causes du développement de ce type de journalisme. "La publicité et le modèle économique des journaux aujourd'hui, la presse écrite d'aujourd'hui, est battue, car la publicité migre des médias traditionnels vers internet." Le ministre s'interroge. "Et la question se pose alors : qui va parrainer, qui va payer pour, qui va être la personne qui va soutenir le journalisme de qualité?".
Pour le New York Times, cette interrogation est bien plus intéressante que de savoir "qui à dit quoi à qui". Ce déclin du journalisme de qualité en Grande-Bretagne, le journal l'explique en alignant plusieurs facteurs. "Beaucoup de journaux ont sous-estimé la puissance montante d'internet, la dévaluation de leur produit distribué gratuitement dans les premiers jours de la révolution numérique, mettant ainsi en péril le contrat basique lecteurs - payer pour les nouvelles. Une génération a grandi en croyant qu'il n'était pas nécessaire de payer pour les informations. Si la réputation des journalistes, comme des politiciens, sort de l'enquête Leveson entachée par les accusation portées contre quelques-uns, cette évaluation sera encore plus dure à inverser".
Notre dossier Murdoch, game over ? revient sur la saga de l'empire de la presse anglophone.
(Aude Garachon)