Les femmes et les Noirs, journalistes les plus harcelés en ligne (Guardian)

Robin Andraca - - 0 commentaires

Le Guardiana analysé les 70 millions de commentaires postés sur son site depuis 2006. La conclusion ? Parmi les dix journalistes les plus attaqués par les internautes, huit sont des femmes.

Alors que la discussion s'est déplacée ces dernières années sur les réseaux sociaux, les commentaires laissés sur les sites de presse servent-ils encore à quelque chose ? Le Guardian estime que oui et, pour mieux cerner le phénomène de harcèlement en ligne, s'est lancé dans l'analyse des 70 millions de commentaires laissés sur son site depuis 2006. Au bout de cette étude, une confirmation : les femmes journalistes sont nettement plus attaquées par les internautes que les hommes. "Parmi les 10 journalistes les plus insultés figurent huit femmes et deux hommes, noirs. Deux de ces femmes et l'un des hommes sont gays. Parmi les huit femmes présentes dans ce top 10, l'une est musulmane et l'autre est juive", détaille le quotidien britannique sur son site. Les dix journalistes du Guardian les moins ennuyés en ligne ? Dix hommes.

De façon assez prévisible, les articles où les conversations sont les plus respectueuses sont le cricket, les courses hippiques et le jazz. Les articles où le niveau de bloquage des commentaires est le plus élevé ? Ceux traitant du conflit israélo/palestinien, ou de féminisme.

De quels types de commentaires parle-t-on ? Le Guardian donne plusieurs exemples de commentaires, tous supprimés depuis. A une journaliste qui couvre une manifestation contre l'avortement à l'extérieur d'une clinique, un internaute écrit : "Tu es si moche que si tu tombais enceinte, je te conduirais moi-même à la clinique pour te faire avorter." Sous un article où un chroniqueur musulman décrivait ses différentes expériences d'islamophobie, on pouvait lire : "Marie-toi avec un combattant de l'Etat islamique et on en reparle !". Quand, enfin, un journaliste noir écrit qu'un Afro-américain a été tué par la police, il se fait traiter, dans les commentaires, de "raciste qui déteste les blancs."

Dans son article, le Guardian propose au lecteur de jouer au modérateur, en lui demandant de choisir si un commentaire est acceptable, ou non. Ce message par exemple, posté sous un article à propos des manifestations ayant suivi la mort d'Eric Garner : "Un gamin de 12 ans, seul dehors, avec un faux pistolet dans les mains ? Quel genre de parents autorisent ça ? Ce qui se passe est le résultat d'une société, d'une communauté, d'une culture et d'une éducation complètement dégénérées. Je suis désolé de dire ça mais, la plupart du temps, les Noirs sont leurs propres pires ennemis." Faut-il le supprimer ? Le Laisser en ligne ? Au lecteur de faire son choix.

"Ce commentaire a été supprimé parce qu'il est raciste", indique pour sa part le Guardian

Interrogée dans le cadre de cette étude, la journaliste du Guardian, Jessica Valenti, raconte : "Imaginez que vous allez au travail et que, chaque jour, sur votre chemin une foule de 100 personnes vous balancent « Vous êtes stupide », « Vous êtes horrible », « Vous craignez », « J'ai du mal à croire que vous êtes payé pour ça». C'est une façon effrayante d'aller travailler."

De quoi donner envie au Guardian de fermer la section commentaires, comme d'autres avant lui ? Même pas. "La plupart du temps, les commentaires enrichissent nos articles. Seulement 2% des commentaires sont bloqués : la majorité est respectueuse et la plupart des commentaires laissés sont merveilleux." Vive les 98% ?

L'occasion de relire notre article : "Deux sites américains suspendent leurs commentaires"

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