Les banques vont-elles sauver l'Argentine de la faillite ?
Robin Andraca - - 0 commentairesLes banques vont-elles “sauver” l’Argentine ?
En proie à de profondes dettes et aux fonds “vautours” qui veulent récupérer les 1,33 milliards de dollards que leur doit le pays, l’Argentine est actuellement engagée dans une course contre la montre : faute d’accord dans les heures qui viennent, le pays sera en défaut technique de paiement. Ce matin, les quotidiens argentins n'ont qu'un seul mot en une : les banques !
Comme nous vous l’expliquions déjà en… 2012, l’Argentine, après s'être déclarée en cessation de paiement fin 2001, a renégocié 93% du montant de sa dette qui dépassait les 100 milliards de dollars en 2004. La plupart des créanciers ont accepté de perdre de 40 à 75% des sommes qui leur étaient dues. Mais deux fonds "vautours", ou hedge-funds, NML (filiale du fonds Eliott) et Aurelius, refusent toute renégociation et mènent l'affaire devant les tribunaux. Et ces fonds vautours, qui n’ont pas du tout acheté la dette à leur valeur réelle, sont gourmands : comme le note un certain Dan Israël sur Mediapart, NML a déboursé l'équivalent de 50 millions d'euros 2008 et attend, en retour, plus de 800 millions !
Le 23 juillet 2012, l'affaire se complique pour l'Argentine : Thomas Griesa, juge new-yorkais, interdit au pays d'honorer les échéances de sa nouvelle dette tant qu'elle ne remboursera pas aussi les hedge-funds. Problème, si l'Argentine rembourse à 100% ces deux fonds, le reste des créanciers seraient en droit de réclamer la même chose. Et voilà comment la dette pourrait passer de 1,33 à 15 milliards de dollars, voire 120 milliards de dollars si les détenteurs d'obligations restructurées s'y mettaient aussi.
Le Monde s'est penché avant-hier, comme nous l'avions fait deux ans plus tôt, sur le cas Elliot Singer, fondateur d'Elliott Management, spécialisée dans l'achat de dette décotée et cauchemar récurrent de Cristina Kirchner, la présidente argentine. Ce portrait nous rappelle qu'Elliot Management ne gagne pas toujours à la fin. En mai dernier, à Paris, la Commission des sanctions de l'Autorité des Marches Financiers (AMF) a infligé une amende record de 16 millions d'euros au fonds Eliott. La Commission des sanctions reprochait à Elliott Advisors (la branche britannique de la société) alors en négociation préalable avec Eiffarie pour lui vendre les titres qu’il détenait dans APRR (Autoroutes Paris-Rhin-Rhône, société chargée de l'exploitation d'un réseaux autoroutier français) d’avoir transmis cette information privilégiée à Elliott Management. Cela n'avait pas fait grand bruit dans la presse française : seuls Les Echos et BFM avaient relayé l'information.
Elliot fera-t-il plier le gouvernement argentin, comme il a déjà fait plier ceux du Pérou, de Zambie ou de la République démocratique du Congo ? Une réunion se tient ce mercredi à New York entre les dirigeants argentins et ces fonds “vautours”. En attendant le verdict, les quotidiens argentins notaient tous, ce matin, l'arrivée des banques nationales à la table des négociations. Comme l'AFP le précise dans une dépêche,que reprend par exemple le site du Nouvel Observateur, l'Association des banques d'Argentine (ADEBA) est disposée à apporter une garantie de 250 millions de dollars pour rassurer les fonds "vautours" et le juge américain Thomas Griesa, en charge du dossier de la dette argentine et jusque-là hermétique aux demandes du gouvernement argentin. Cela suffira-t-il à calmer les ardeurs des "vautours" ? | Les banques à la rescousse du pays, en une de toute la presse Argentine ce matin |
(avec Garance Bousquin)
Mise à jour 04/08 à 18h47 : NML réclame 800 millions au gouvernement argentin après avoir déboursé seulement 50 millions en 2008.