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Romeuz
Hors-sujet, mais ce Guémart, juste par la photo, il a pas l'air sympa...
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Romeuz
ASI : Toujours à l'avant garde de la dhimmitude...
On est jamais assez préparé.
Spoil : Vous aurez beau faire, vous serez les premiers à y passer. -
e.m.
Merci Loris pour ce sujet et son traitement
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bistouille
Bonjour,
dans le bassin minier, où des prolos de toutes origines ont trimé et crevé au boulot pendant plus d'un siècle, très peu parlaient la langue de leurs parents, d'une part car c'était interdit à l'école (de même que parler chti ou flamand à la récré était sanctionné d'heures de colles jusque dans les années 80), et c'était mal vu au boulot et dans les cité minières, même celles à dominante polonaise, il n'y avait que chez quelques commerçants et à l'église que la langue polonaise était tolérée. J'avais de nombreux camarades d'origine polonaise, qui ne parlaient pas un mot de polonais, et chez mes grand-parents il était interdit de parler néerlandais, seuls les jurons étaient proférés dans la langue des ancêtres :-)
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oppo
Pour reprendre un commentaire précédent que j'avais posté à ce sujet, et l'étoffer un peu.
Oui, les politiques françaises, ancrées dans un rapport particulier à l'histoire coloniale française sont un véritable gâchis.
Et rappelons le, ces politiques ne reflètent pas, par ailleurs, le rapport historique à la langue arabe et son enseignement, enseignement qui commença à la création de la Sorbonne, car la langue arabe était alors une manière d'accéder à la culture classique, souvent mieux préservée en arabe qu'en grec ou latin (si mes souvenirs sont bons François Rabelais était arabisant, par exemple), puis, par la suite dans le cadre des rapports diplomatiques avec l'empire Ottoman, pour former des traducteurs, parlant arabe, persan et turc...
La construction nationale et l'aventure coloniale française ont profondément modifié ce rapport historique à l' enseignement de la langue arabe en France, pour aboutir à une situation de rejet de celle-ci.
Pour l'anecdote personnelle, j’ai grandi au Liban, où ma scolarité était en arabe le matin et en français l'après-midi - retour en France dans les années 1980, puis départ pour l'Australie, où je suis devenu anglophone, perdant la langue arabe (dialectal syro-libanais avec lequel je jouais dans la cours de recré puis, en primaire, arabe littéraire, lecture, grammaire, dictée) - mon père est arabophone, mais a lui aussi un rapport compliqué avec la langue, et n'a fait aucun effort pour m'aider à la maintenir - ce qui pouvait se comprendre vu que j'étais scolarisé dans le système anglophone.
Retour en France adolescent, et scolarité dans un lycée à sections internationales, histoire, géo, littérature en anglais, etc., etc... Mais aussi premiers retours au Liban après la guerre civile, en vacance, et oui, cette sensation de ne pas/plus pouvoir parler. Mots familier, salutations familiales, et c'est tout. La sensation étrange d'un oubli.Puis la vie m'amène un travail de terrain au Liban et en Syrie au début des années 2000, et la nécessité directe de pouvoir communiquer en arabe.
Cours express (en mineure) d'arabe dialectal aux Langues O' / INALCO (une erreur, j'aurais du passer directement par le littéral, qui permet de mettre du sens aux variations dialectales), et redécouverte de la langue - puis poursuite par des cours d'arabe littéral (arabe standard moderne, la langue de la littérature et des médias) en DULCO.
Un père qui ne m'aide toujours pas, mais j'ai retrouvé la langue, sa lecture et le reste. Que ce soit des textes médievaux, de l'arabe de presse, de poèmes ou extrait de romans du levant ou d'ailleurs...
Pour relier cette anecdote personnelle à la question de l'enseignement (supérieur, universitaire dans mon cas) et du statut particulier de la langue arabe, j 'ai donc étudié l'arabe aux Langues O' (INALCO), où j'ai également, quelques années plus tard, étudié le japonais jusqu'en licence.
A l'époque, l'arabe était enseigné aux Grésillons à Asnières, et le japonais dans la fac de Dauphine - symbolisme géographique plutôt intéressant...
Puis le vieux rêve de réunir les différentes sections de l'INALCO - séparées depuis les années 1960 - dans un même lieu s'est enfin matérialisé - en 2011 si mes souvenirs sont exacts - avec la création d'un pôle dans le 13e arrondissement de Paris, aux Grands Moulins, dont j'ai essuyé les plâtres avec mes camarades.Et cependant, le choix d'un lieu pour accueillir cette prestigieuse institution (fondée par Colbert pour former des drogman, traducteurs/intérprètes indispensables dans le cadre de la diplomatie ottomane tout de même...) ne fut pas sans difficulté. Eh oui, même pour un pôle de l'enseignement supérieur mondialement reconnu, l'équivalent française de la SOAS anglaise...
De nombreuses propositions de lieux envisagés pour accueillir l'INALCO / Langues O' rencontrèrent une vive opposition, reposant principalement sur, eh oui, une peur de voir le quartier fréquenté par les "orientaux" de tout poil, venus étudier ou enseigner dans cet Institut National des Langues et Civilisations Orientales....
Oui, au-delà de la construction identitaire nationale longtemps centrée sur le français et rien que le français pour tous ("pas cracher par terre et parler breton / patois" tout ça) la langue arabe fait peur.
Un imaginaire touffu - une langue de colonisés (ou mandataires pour le levant...), une langue de travailleurs immigrés, des pays pauvres du sud-global, une langue de cet "autre" miroir "oriental" d'une construction identitaire "occidentale", une langue de l'islam, de l'islamisme et du communautarisme donc, du terrorisme jihadiste ou autre, et bien d'autres associations aussi fleuries que géneralement négatives.
Mais au-delà de ces constructions, la langue arabe existe, et c'est une langue bien vivante. Une langue de presse, de littérature, de culture, une très belle langue, avec de sa forme classique et standard moderne, complétée par la complexité de ses variations dialectales. Et une langue qui, sous une forme ou une autre, comprend de nombreux locuteurs, en France et à travers le monde.
Au lieu de nier à cette langue le droit d'exister au sein de l'identité française, normaliser son apprentissage serait bien une force pour la France, et aussi une manière positive et constructive d'approcher l'histoire coloniale et la réalité du pays, et l'avenir de celui ci.
Plutôt que de craindre que l'enseignement langue entraîne un "replis communautaire", l'enseigner serait une occasion d'intégrer de plein droits ses locuteurs à une communauté élargie, où nos différences ne nous divisent pas, mais nous renforcent.En guise de conclusion, je recommande aussi cet article du Monde Diplomatique publié en 2012 sur l'enseignement de la langue arabe en France, "L'arabe, une langue de France sacrifiée", par Emmanuelle Talon
https://www.monde-diplomatique.fr/2012/10/TALON/48275ainsi que la réaction à celui-ci soumise par Jean-Pierre Maillard, ancien proviseur du Lycée International de Saint-Germain en Laye, qui évoque son échec à développer une section arabe au LI (lycée qui dispose aujourd'hui, en plus des langues originales de pays membres de l'OTAN - liées à l'histoire du lycée - d'une section japonaise, chinoise ou russe par exemple...)
Je crois me souvenir qu'Emmanuelle Talon avait participé à une émission ASI sur ce sujet, mais je la retrouve pas.Pour centraliser quelques liens sur ce sujet:
https://www.monde-diplomatique.fr/2012/10/TALON/48275
https://www.monde-diplomatique.fr/2012/11/A/48461https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/09/30/le-bon-arabe-c-est-celui-qui-choisit-d-etre-le-meilleur-en-francais-plutot-qu-en-arabe_6054144_3232.html
https://www.lemonde.fr/education/article/2015/06/18/l-arabe-au-ban-de-l-ecole_4657092_1473685.html -
Crétin des Alpes (en liberté conditionnelle)
Il faut comprendre.
L'arabe, ce n'est pas un marché porteur, si l'on prend en compte la vitesse à laquelle ils disparaissent à Gaza, en Cisjordanie et au Liban.
En plus, nous la France, on n'a même plus de colonies où on parle arabe.
En plus plus, ya plus besoin de parler arabe pour avoir du gaz ou du pétrole.
Soyons efficaces, merdre !
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paulette
C'est d'autant plus problématique que les parents qui souhaitent que leur enfant apprennent l'arabe n'ont parfois pas d'autre choix que de se tourner vers l'école coranique, même s'ils préfèreraient un enseignement laïque.
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paulette
C'est d'autant plus problématique que les parents qui souhaitent que leur enfant apprennent l'arabe n'ont parfois pas d'autre choix que de se tourner vers l'école coranique, même s'ils préfèreraient un enseignement laïque.