"L'économiste" portugais anti-austérité était un imposteur

Gilles Klein - - Intox & infaux - 0 commentaires

Un économiste imposteur disant travailler pour l'ONU a été démasqué au Portugal. Régulièrement cité par les médias, invité dans des débats télévisés, et dans des conférences, depuis plusieurs mois l'économiste de la Banque Mondiale, Artur Baptista da Silva, dénonçait la politique d'austérité portugaise. Problème : c'est un imposteur. La justice vient d'ouvrir une enquête.

Artur Baptista da Silva (61 ans), se présente comme docteur en économie sociale de la Milton Wisconsin University, et coordinateur du Programme des Nations Unies pour le Développement où il est chargé de suivre l'état de la dette de l'Europe du Sud. Depuis avril 2012, on l'a vu souvent sur les plateaux télévisés, entendu à la radio ou dans des conférences. Mi-décembre 2012, l'hebdomadaire portugais l'Expresso publie une interview de da Silva sur 2 pages. Il explique que le Portugal doit renégocier sa dette, et dénonce les effets pervers de la politique de rigueur, contestée par l'opinion.

L'agence Reuters, le 15 décembre, consacre une dépêche à aux déclarations de l'économiste qui sont reprises à l'étranger, dans le Chicago Tribune, entre autres.

Mais fin décembre 2012, les médias découvrent l'imposture. Mortifié, Nicolau Santos, directeur adjoint de l'Expresso "après 32 ans de journalisme", présente ses excuses aux lecteurs de son journal. D'autant plus que, outre un long article dans son magazine, il avait également invité da Silva sur le plateau de l'émission Expresso da Meia-Noite sur la chaîne du cable SIC Notícias.

"L'escroc qui parlait au nom de l'ONU a été en prison il y a un an" titre alors le Diario de Noticias.

De son côté, la chaîne d'information TVI 24 a vérifié auprès des Nations Unies qui lui ont répondu que Da Silva n'y avait jamais travaillé. Et que donc aucune mission ne lui avait été confiée, malgré sa carte de visite qui reproduit le logo de l'organisation internationale. L'étude sur "La croissance, l'inégalité et la pauvreté" dont Da Silva s'était attribué la paternité avait été récupérée sur Internet. Non seulement Da Silva n'est pas économiste, mais il a déja été condamné pour diverses escroqueries.

L'histoire (aussi évoquée à l'étranger, dans l'Independent britannique, comme le signalait Mediapart) plait, bien sûr, aux Internautes, qui s'amusent avec de nombreux montages mettant en scène da Silva...

Lire sur arretsurimages.net.