Le vendeur de prothèses PIP était-il charcutier ?

Sébastien Rochat - - 0 commentaires

Trop gros pour être vrai ? Le fondateur de la société PIP, qui a commercialisé des prothèses mammaires jugées aujourd'hui dangereuses pour la santé, était présenté depuis quelques jours comme un ancien charcutier ou comme un négociant dans l'alimentation. Des informations démenties par son avocat.

"L'image était cyniquement trop belle pour être vraie".Dans un article sur "l'étonnante ascension d'un roi des implants", Libération s'est penché sur la rumeur selon laquelle Jean-Pierre Mas, accusé d'avoir commercialisé des implants mammaires non conformes aux règles sanitaires, était charcutier.

Une information formellement démentie par Me Ives Haddad dans Libération : "A ce stade de bêtise, c'est quasi psychanalytique, s'est emporté l’avocat toulonnais de la société PIP depuis plusieurs années. Jean-Claude Mas n’a jamais été charcutier. Il faut apaiser les femmes qui portent des implants PIP et arrêter avec cette image grotesque".

C'est le chirurgien plastique Patrick Baraf qui l'avait affirmé dans une déclaration sur Europe 1, le 22 décembre : "Il était charcutier et puis il s’est mis à faire des prothèses mammaires à Toulon. Il a monté un laboratoire. On pouvait se poser des questions sur ses compétences et ses qualités pour se lancer dans la fabrication de matériel médical", avait-il déclaré. Des propos immédiatement repris par la presse (notamment par Leparisien.fr et Atlantico).

Qui est Baraf ? Un chirurgien ayant croisé le fondateur de la société PIP à plusieurs reprises au cours de sa carrière. Et à la lecture de son témoignage dans Libé, on comprend qu'il y a un contentieux entre les deux hommes, sur fond de concurrence sur le marché des prothèses mammaires : dans les années 1980, Mas a accusé le chirurgien d'utiliser des prothèses cancéreuses (des prothèses que Mas ne commercialisait pas). "C’était faux ! Je me suis donc intéressé au passé de Jean-Claude Mas, et j’ai découvert qu’il venait du monde de l’alimentaire", explique le chirurgien à Libération.

Reste à connaître le véritable parcours professionnel du fondateur de la société PIP. Et c'est là que ça se complique : selon son avocat, "avant la création de PIP, en 1991, Jean-Claude Mas a créé une première société dénommée Sima Plast avec un chirurgien esthétique de Toulon aujourd'hui décédé, puis une seconde société dans les années 1980 dénommée MAP". Reuters précise qu'avant cela, "le fondateur de PIP avait travaillé pendant plus de 15 ans comme délégué médical au sein de la multinationale pharmaceutique Bristol-Myers Squibb". L'Express.fr a tenté de vérifier auprès de cette entreprise mais elle "n'était pas en mesure, au moment de la publication de l'article [mardi 27 décembre], de confirmer cette information", indique le site.

Plus étonnant encore, dans l'article de Libération relayant le démenti de l'avocat, des anciens salariés de PIP donnent une autre version du parcours professionnel de Mas et affirment, non plus qu’il était charcutier, mais qu’il "aurait débuté dans la vie comme négociant en vin et en produits alimentaires". Une information que l'avocat aurait pourtant également démentie selon une dépêche AFP publiée hier soir. Contactée par @si, la journaliste de Libé, Violette Lazard, indique qu'elle a bien demandé à l'avocat si son client avait été négociant dans l'alimentaire. "Il a un peu louvoyé", explique-t-elle, sans formellement démentir. Il a simplement déclaré qu'il n'avait pas l'information. 

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