Le sexisme des dessins animés de Gulli (Le cinéma est politique)

Anne-Sophie Jacques - - (In)visibilités - 0 commentaires

Quelles représentations de genre véhiculent les dessins animés diffusés à la télé ? C’est la question posée par une blogueuse du site Le cinéma est politique qui a passé une journée à regarder la chaîne pour enfants Gulli. Bilan : les personnages féminins, moins nombreux que les personnages masculins, sont "souvent ramenés à des archétypes sexistes et dévalorisés".

Après notre chroniqueur Alain Korkos qui s’est penché récemment sur les princesses Disney (lesquelles ne sont plus ce qu’elles étaient, mais quand même un peu), la blogueuse Rivka S. a analysé, dans un billet paru sur le site Le cinéma est politique, les représentations de genre et le sexisme dans les dessins animés diffusés à la télévision. Et plus précisément sur la chaîne pour enfants Gulli, une "des plus populaires [...] et qui a la confiance des parents" selon l’auteure qui, pour son enquête de terrain, a passé 5 heures sur son canapé.

La blogueuse a d'abord analysé la publicité qui représente tout de même près d’un cinquième du temps de diffusion sur la chaîne. Entre les pubs pour les jouets pour filles à base d’arcs roses ou les pubs pour les dérivés Star Wars réservés aux garçons dans lesquelles l’héroïne du dernier opus est carrément écartée, le constat est clair : "sur Gulli, les spots bruyants et répétitifs sont monstrueusement efficaces et leurs contenus sont encore plus sexistes que n’importe quels dessins animés". Et de renvoyer à l’exemple suédois où la publicité destinée aux moins de douze ans est interdite – en France, comme nous le racontions ici et , ce n’est pas gagné.

Quid des dessins animés ? Rivka S. a découpé son étude en trois grandes parties : les dessins animés où les héros sont des animaux, les dessins animés avec des personnages humains, et les dessins animés ciblés uniquement pour les garçons ou uniquement pour les filles avec, pour exemple, un zoom sur la série animée Winx, l’histoire de six fées sympathiques. Sans grande surprise, "dans les dessins animés marquetés pour les garçons, les filles vont jusqu’à disparaître complètement en dehors d’éventuels intérêts amoureux". Finalement, poursuit l’auteure, "c’est dans les dessins animés pour filles qu’on trouve une réelle parité dans le nombre de personnages masculins et féminins et dans leur développement (on peut se passer de filles mais pas de garçons)."

Winx et les gentilles fées

Une parité toute relative car "ce sont aussi dans ces dessins animés que la séparation des caractéristiques du genre est la plus marquée : les hommes ont leurs armes, leurs couleurs, leurs caractéristiques et les femmes les leurs bien distinctes. Celles-ci se battent et avancent dans leurs vies, parfois mieux que les hommes, mais avec leurs armes à elles, des armes de femmes (généralement de la magie). Les seul-es à oser franchir ces limites en «volant» les attributs de l’autre genre ou en choisissant une posture ambiguë par rapport à celui-ci sont des personnages négatifs, généralement lâches, dégoûtants, usurpateurices assoiffé-es de pouvoir."

Conclusion de Rivka S. : "dans la plupart des dessins animés, les personnages féminins sont moins nombreux et moins importants que les personnages masculins, souvent ramenés à des archétypes sexistes et dévalorisés". Une conclusion qui n’invite pas à la déprime mais au contraire à la pédagogie, à savoir "expliquer, poser des questions aux enfants, demander ce qu’illes pensent d’un personnage féminin stéréotypé ou sexualisé, quels personnages illes apprécient et pourquoi."

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