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Winston Smith : misanthrope
voici le témoignage que je viens d'envoyer au canard et à Rue 89
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Tout le monde connait le film « Brazil » dans lequel Archibald Buttle est victime d'un enchainement désastreux, un insecte tombe dans l'imprimante de l'ordinateur central du Service des recoupements au moment où il doit imprimer le nom de Archibald Tuttle, et c'est du coup celui de Archibald Buttle qui sort. Ce dernier, totalement innocent, est donc brutalement arrêté à son domicile.
Bienvenue dans le monde merveilleux de la gestion par ordinateur. On ne peut plus vraiment parler de « gestion assistée par ordinateur ». Notre histoire, qui est réelle, démontre que l'homme n'a plus la main sur la gestion effectuée par les ordinateurs...Il n'a plus la main simplement parce qu'il n'a pas songé qu'il fallait la conserver, car entendons-nous bien, l'ordinateur ne demandait rien, et nos ordinateurs ne sont pas encore comme Hal, l'ordinateur du vaisseau Discovery One de « 2001, l'Odysée de l'espace ».
Je me bats depuis quelques années contre les dérives de l'informatique, du fichage administratif, contre les caméras et «le monde Big Brother » en général. Et ironie du sort voici ce qui vient d'arriver à ma fille.
Ma fille passe son BAC en série S.
Il y a 2 séries S : la série S-SVT et la série S-SI.
Ma fille est en S-SVT et elle doit donc choisir une spécialité : maths, physique chimie ou SVT.
Il y a donc des S-SVT spé maths des S-SVT spé PC et des S-SVT spé SVT.
Le libellé de la spécialité S, à savoir SVT ou SI, peut donc être le même que celui de la spécialité, si la spécialité choisie est SVT. Vous suivez?
Ma fille au lieu de cocher la spé maths a coché SVT en croyant que c'était la série S-SVT...Résultat, voici donc ma fille inscrite en S-SVT spécialité SVT. Confiante , elle reçoit sa convocation, la vérifie (sérieusement dit-elle) et ne voit pas l'erreur. Tout le monde est tellement confiant...Elle est brillante, a toujours eu les félicitations, elle est totalement autonome dans son travail depuis le CM1, toujours sérieuse, rigoureuse...personne ne vérifie ! personne ne voit l'erreur.
Bref, lundi, épreuve de philo toutes les S sont mélangées, les S-SVT et les S-SI.
Ce matin Hist géo : là les élèves sont classés par spécialité, et tous les spé maths sont dans les mêmes salles, et ma fille se retrouve entourée de gens, la seule fille de la S1 au milieu de gens de la S3 et là elle comprend qu'il y a un problème. Elle regarde son étiquette , sa convocation et là, elle voit....Et elle panique....Son épreuve d'Hist géo n'a donc pas été terrible. Et en sortant elle fonce chez le proviseur...Appel au rectorat, 45 minutes de conversation...
Il n'y a pas de solution ! Les épreuves de maths et de SVT n'ont pas encore eu lieu, elles n'ont lieu que jeudi et vendredi. On vit dans le monde réel ! Il suffit de lui donner les bons sujets, jeudi et vendredi, de mettre sa copie dans la bonne enveloppe, de rayer son nom sur une liste pour le rajouter sur une autre, rien qui ne pose problème à priori...C'était sans compter sur Big Brother !
Le recteur lui même ne peut pas modifier l'inscription pour repasser ma fille dans sa bonne spécialité....les grilles nominatives de correction sont déjà éditées, le logiciel de saisie des notes des copies est déjà activé, et la base est verrouillée....Game over....
Et voilà ma fille qui s'est tapé des heures de spé maths toute l'année pour rien et va se retrouver avec une épreuve de SVT coefficient 8 ....Sur un cours auquel elle n'a pas assisté....Et voilà comment une des élèves les plus brillantes du lycée (je dis pas ça parce que c'est ma fille) va rater sa mention « très bien » et peut -être devoir repasser les bonnes épreuves en septembre....Le rectorat va suivre le dossier pour juin...d'après le service des examens, vu son dossier et ses résultats elle va tout de même réussir son BAC...Ils feront ce qu'il faut pour qu'elle bénéficie d'un coup de pouce du jury s'il lui manque 1 point ou 2....
Mais c'est pas ça qu'on veut ! On veut qu'elle passe son option Spé maths....Mais c'est impossible...
Nous vivons dans le monde réel, et rien n'empêche dans le monde réel de réparer l'erreur et de résoudre le problème....et pourtant....
C'est ce côté absurde, ce côté évènement qui n'a pas encore eu lieu mais qui est pourtant irréversible...à cause d'une gestion stupide d'une base de données....à cause d'une procédure unique exécutée par une machine... rien n'est prévu pour corriger d'éventuelles erreurs jusqu'au dernier moment... Tout serait verrouillé (d'après le proviseur adjoint) depuis mars...
Impuissance face à une machine de merde qui n'y comprend rien et qui mériterait un grand coup de masse !!!!!! Putain d'informatique de merde ! Putain de big brother de merde !!!! Et le recteur lui même qui n'a aucun pouvoir ....je pourrais appeler le Ministre, le Président, le Pape !!!! Rien n'y changerait ....Putain de machines !!!!
C'est la deuxième fois dans ma vie que j'ai ce genre de problème, une fois je suis resté bloqué en Corse parce que des rats avaient bouffé les fibres optiques...impossible d'acheter un billet de bateau...Pourtant on était là, les employés de la SNCM étaient là, le bateau était là.....Et impossible de monter dans le bateau parce qu'aucune procédure papier n'est prévue.....
Comment peut-on vivre dans un monde aussi merveilleux de technologie et se noyer ainsi dans un verre d'eau?
Tuttle et Buttle....On est en plein Brazil....Mouche de merde...Machines de merde....
Et surtout......Opposition de merde à big brother....Nous sommes tous des Archibald Tuttle....Mais tout le monde semble s'en moquer.
Et encore, pour ma fille, ce n'est pas si grave. Pour d'autres ça pourrait leur couter le BAC. Notre chance, c'est que ma fille veut aller en faculté donc la mention importe peu, il suffit qu'elle réussisse son BAC. Mais certains de ses camarades qui ont fait des dossiers dans des endroits ou la mention « très bien » est exigée, d'autres qui ont besoin de la mention « très bien » pour obtenir leur bourse au mérite afin de pouvoir étudier là où ils le souhaitent, pour eux, ça aurait pu détruire leur projet de vie....Projet de vie détruit irréversiblement, alors qu'il est encore temps d'agir dans le monde réel d'ici à jeudi matin...
Comment pouvons nous tolérer de perdre ainsi la main sur notre destin collectif? Comment pouvons-nous accepter de laisser ainsi les machines dicter leur loi?
Le législateur doit imposer partout où il le faut des procédures de remplacement pour pouvoir pratiquer des corrections, des modifications lorsqu'il est encore temps. Nous vivons donc déjà dans un monde à mi chemin entre celui d'Orwell et celui de Kafka ou l'absurdité le dispute à l'impuissance puisqu'il est impossible d'intervenir dans le monde réel pour empêcher un événement à venir désastreux. Cet événement rendu inéluctable parce que les hommes ont confié leur destin aux seules machines.
19 juin 2012
** Message modifié le 22/06/2012 à la demande de l'auteur ** -
Mlemaudit
Moi, c'est ce débat qui me les brise. -
Michèle Ramon Obin
En tant que jeune diplômé cela ne m'inspire qu'une réflexion : "LOLILOL" CONTENT DE NE PLUS Y ÊTRE ^^ Il faudrait me traîner de force dans une école >< Navrant non :) - Quel con se prof... ça aura servi à quoi tout ça ? A t'il élevé ses élèves ? J'en doute sincèrement on aura parlé de lui à la TV, tout le monde se fout de son sujet de poésie, lui le premier on dirait... "J'ai pu prouvé de manière cynique un certain niveau de connerie du système éducatif dont je fait parti !" Super ! Bravo ! C'est une pure attitude de "gamin", il aurait eu à sa disposition 1001 façons de fournir un apport pédagogique à ses élèves... Et puis qu'elle Hypocrisie... en caricaturant un peu pour moi utile ou pas le collège c'est faire le perroquet en ayant de belle plume de préférence, le lycée le perroquet savant (Réfléchissaient dans le cadre bien défini de ce que l'on attend de vous, dire merde ou pourquoi n'est pas une option). Le supérieur selon on passe de perroquet savant à perroquet savant de compétition... ensuite on est "libre". On peut regarder nos enfants bien en face et quand ils ne posent des questions leur dire, j'en sais rien, j'ai oublié, regarde dans ton livre ou demande à ton prof ^^ -
Damien (dit le Farfadet)
Bonjour à tous
J'interviens avec du retard, et peut-être que ce que je dirai ne sera qu'une redite. Mais un point qui me semble essentiel dans le propos de cet enseignant, c'est le besoin de confiance en soi des élèves : oser faire confiance à leur propre analyse.
Ce qui est intéressant ici est à la fois l'origine de cet état de fait, et ses conséquences. L'origine est très certainement la limitation du travail personnel, et la disparition des exercices nécessitant réflexion. Les élèves ne parviennent plus à produire un travail satisfaisant sur des exercices basiques de réflexion, essentiellement parce qu'ils ne travaillent pas chez eux pour rattraper leur retard. Ils préfèrent la solution de l'abandon à celle du travail.
Et la conséquence de la solution du professeur en question, qui consiste à leur rappeler qu'il faut oser penser par soi-même, oser être critique au sens kantien du terme, cette conséquence est frappante : il faut rappeler aux élèves qu'ils sont capables de parvenir à quelque chose (mais sous condition de fournir un travail).
Ces deux éléments me semblent frappants : l'abandon du travail par soi-même corrélé à une baisse notable de l'estime de soi sur le plan intellectuel. On insiste beaucoup sur la baisse des attentes académiques en matière d'instruction (dont le niveau du bac est l'exemple le plus célèbre). Mais il y a lieu de se demander si l'abandon d'une certaine forme de discipline est le seul facteur. Et la baisse de l'estime de soi me semble être un objet qu'il serait intéressant d'interroger de ce point de vue.
Je n'ai pas beaucoup plus à dire pour le moment, je voulais simplement faire part de cette interrogation qui me vient au passage. -
zozefine
à la fois hors propos et à propos, une info entendue ce matin sur FQ (pas retrouvée, si quelqu'un a écouté plus attentivement que moi...) : devinez où, aux USA, le collège est totalement dépourvu de tout ordinateur ??? le collège des enfants des geeks de la silicon valley. j'ai bien ri ! -
Winston Smith : misanthrope
si quelqu'un arrive à m'expliquer ça !
http://www.k-netweb.net/projects/mindreader/ -
delphes
Je crois lire dans beaucoup de messages un rejet de cet exercice qui est, selon moi, le seul réellement littéraire : le commentaire de texte.
Cet acte achève le processus de création, donne au texte une nouvelle dimension par l'acte de lecture approfondi.
Il s'agit de s'arrêter sur chaque mot, de s'interroger sur sa place dans la phrase, d'écouter mieux les harmonies de sons créées, de repérer une image, un style particulier, etc.
Cela demande une certaine sensibilité, mais surtout une analyse rigoureuse des mots.
Aucune connaissance n'est nécessaire.
Sans connaissance aucune, au pire, l'élève fera un gros contresens (un anachronisme).
Eventuellement, il peut chercher le sens des mots (dans le dictionnaire, ça marche aussi sans internet).
Il est normal que les élèves soient tentés d'aller sur internet, ils en ont désormais l'habitude. Mais nous leur répétons chaque jour que pour cet exercice, c'est inutile. Beaucoup l'entendent. C'est sans doute cela qui prend sens dans cette petite expérience menée par l'enseignant.
Alors, s'il vous plaît, débattez sur tout ce que vous voulez, mais pas sur l'intérêt de cet exercice. Si vous le croyez absurde, c'est que vous le méconnaissez. -
zozefine
pas lu tous les commentaires, peut-être quelqu'un en a parlé. aux USA dans les années 60/70, il y a eu beaucoup d'expés psycho-sociologiques faites non pas sur des rats, mais sur de vrais élèves et leurs vrais profs. et qui donnaient des résultats exactement similaires aux résultats donnés dans l'article.
à telle remplapla, on filait une classe, et l'enseignante remplacée lui faisait un "portrait" de chaque élève : X est nul à chier mais fait des efforts louables, Y est une surdouée, Z est un gamin un peu limite, etc. évidemment les portraits étaient faux, mais la remplapla effectivement "constatait" l'exactitude des (faux) portraits.
se comporter avec les gens comme s'ils étaient des cons irrécupérables, ça les rend cons irrécupérables, et il faut faire beaucoup d'efforts pour se sortir de ça. (vraiment hors de propos donc à propos, je crois qu'une des grandes forces de mélenchon orateur est justement de parler aux gens comme s'ils étaient intelligents, et, quelque part part, de les rendre intelligents, parce qu'il semblerait qu'il PENSE qu'ils le sont, intelligents... hum, si je puis m'exprimer ainsi !)
des dizaines d'expés ont été faites dans ce sens. comme en france et en suisse, c'est très mal vu, on n'en a jamais vraiment tiré toute la substantifique moëlle et les conséquences écrasantes qu'elles impliquent. de nos jours, même aux USA, ces expés seraient impossibles à mener, et j'ai presque envie de dire hélas, car elles mettraient en évidence, une fois de plus, et comme toujours, que les apprenants se construisent à travers le regard que portent sur eux leurs enseignants et la société, et que les préjugés culturels, sociaux, de classe sont un poison très violent, à mettre au même rang que les dossiers médicaux des patients psychiatriques et les stigmatisations variées dont nous sommes toutes et tous les objets, et non les sujets.
bref, au départ, je voyais d'un oeil amusé le petit jeu de ce prof. mais cet article, et les critiques exposées m'ont bien fait bouger. merci anne-so. -
baroque
la recherche par serendipité peut donner ce type de dérive et d'erreur (mais aussi de nombreux bonheurs !)
il n'est pas certain qu'il soit nécessaire de construire un tel piège (une "toile" à la lecture du blog - il s'est fait plaisir) pour le prouver
le travail fait par bon nombre de professeurs documentalistes dans l'apprentissage de la recherche d'information est suffisant
espérons que ce professeur travaille dorénavant avec ses collègues afin de donner à penser par eux m^me aux élèves dont il a la charge d'une part de leur éducation
(attention : le mot utilisé, le 4°, ici va entrainer les internautes qui vont le lire à aller sur Wikipédia, sachant que l'article consacré y est en cours de validation ... ;-)) -
Josie
Je ne vois pas pourquoi ce prof, Loys Bonnot, s'est donné tant de mal, puisqu'il existe une panoplie de logiciels gratuits ou non qui auraient pu faire le boulot rapidement : http://minilien.fr/a0mr5f
Il aurait peut-être suffi qu'il prévienne ses élèves qu'il était en possession de l'un de ces logiciels pour ne pas avoir besoin de les piéger. C'est ce que font de plus en plus d'enseignants que je connais pour prévenir les plagiats.
Que voulait-il prouver ? Que les élèves copient sur internet ? Et ça, c'est nouveau en quoi ? Avant internet, les élèves ne se servaient-ils pas de diverses sources papier pour plagier ? C'était finalement bien plus compliqué, avant, pour les profs, de trouver les phrases exactes recopiées (dans quel livre ? Quel document ? ). La seule différence, c'est que c'est plus facile pour les élèves de plagier, mais c'est aussi beaucoup plus facile pour les profs de se rendre compte que c'est un copier-coller.
Qu'on ne vienne pas me dire qu'avant, ils comprenaient plus ce qu'ils lisaient. Les élèves qui ont recours à ce genre d'actions sont ceux qui cherchent à rendre leur travail le plus rapidement possible sans avoir réellement à passer des heures à chercher dans leur petite tête ce qu'ils pourraient trouver par eux-mêmes. Ceux qui ne veulent pas chercher continueront, et ceux qui veulent vraiment bosser continueront de le faire.
Ou alors...il voulait donner une leçon pour que ça leur retourne en pleine figure ? C'est un acte pédagogique ? Que leur a-t-il appris sur ce seul exercice ? Qu'il était plus balèze qu'eux ? Les élèves ont applaudi, quelle star ! Et puis mantenant il passe à la TV, génial !
J'aimerais juste être une petite souris pour voir ce que ça aura appris à ses élèves. Je ne suis pas sure du tout qu'ils ne recommenceront pas avec un autre prof mais ce n'est que mon avis à moi toute seule -
Julien Olivari
En somme les voix qui se sont élevées contre "l'expérience" l'ont fait pour protéger les élèves des "brimades" et des "sanctions" que leur inflige l'éducation nationale. Dans la mesure où le but n'était pas la note, mais juste une prise de conscience en faisant justement appel à leur intelligence pour analyser ce dont ils venaient d'être les "victimes", je comprends mal cet argument. Et comble de l'horreur, ils semblent être masochistes puisqu'ils auraient, selon le professeur, applaudit la manœuvre. Donc en plus ils sont bons joueurs. Être bon joueur dans une société de concurrence, c'est peut-être ça qui fait peur aux commentateurs. -
Damien Babet
"Cruel et violent"...
C'est vrai, disons que j'ai écrit sous le coup de la colère, en sortant d'un débat de salle des profs où je m'étais senti bien seul. Je suis persuadé que le commentaire composé peut être un exercice formateur (avoir travaillé ainsi sur un texte des Misérables est l'un de mes meilleurs souvenirs de lycée). Et je m'imagine aussi, depuis le début, que le pourrisseur du web est un "bon prof", un de ceux qui provoquent et intéressent leurs élèves, ce qui est sans doute, au-delà des diverses méthodes pédagogiques, l'une des meilleures manières de les faire progresser.
Mais cette petite anecdote de classe a un enjeu. La conclusion de Loys Bonnot n'est pas un ajout a posteriori, elle est "la morale de l'histoire", le but fondamental de la démonstration, inscrite dans un système idéologique, une vision de l'école, et son succès parmi les profs et les médias n'est pas un hasard.
Il me semble au contraire que ce qu'on appelle "triche" et "plagiat" est bien souvent (lors d'un travail à la maison) une démarche intelligente et éthique de la part des élèves. Le simple acte de "copier-coller" (retwitter, liker, streamer) demande un minimum de recherche et un acte de décision. C'est un champ immensément fertile que notre institution paniquée arrose de désherbant.
Prenons l'exemple des TPE (un travail de recherche en groupe, sur plusieurs mois, évalué à l'oral lors d'une épreuve anticipée du Bac). Je ne perd plus mon temps à googler tous les passages trop bien écrits des travaux que les élèves me rendent. Ils ont copié sur le Net ? Grand bien leur fasse. Je juge le résultat, la cohérence de l'ensemble, puis, lors de l'oral, je leur demande leurs sources sur tel ou tel point, je pose des questions sur leur bibliographie. On voit rapidement s'ils comprennent ce dont ils parlent. Mais beaucoup d'élèves pensent faire plaisir aux profs en expliquant qu'ils n'ont pas utilisé Wikipedia, comme si on leur demandait de réinventer la poudre, sans un bouquin et sans un clic de souris. Ils ont bien intégré le nouvel obscurantisme qui règne dans nos lycées... -
JREM
Allons, allons ! On ne doit plus dire "copier-coller" mais "pratiquer l'intertextualité". -
JC mary
Je comprend parfaitement que les profs puissent être navrés de voire les têtes blondes penser de moins en moins par eux même, mais la société de consommation, l'accès aux technologies, encouragent et habituent l'esprit à la satisfaction instantannée. Aujourd'hui nombre de jeunes ne cherchent plus, n'insistent plus car ils ont été habitué très jeunes à la résolution rapide de leur problèmes et la satisfaction immédiate de leurs désirs. Le truc c'est qu'en grandissant on reste les mêmes individus, impatient, et pour qui la simple concentration, l'effort de la construction d'opinions intellectuels est déjà quelque chose d'ennuyeux. D'où le désintérêt croissant pour la politique, l'actualité, les livres en général. Même dans le milieux étudiant dont je fais partie, dans lequel les jeunes sont pourtant habitués à ouvrir des livres, il semble que outre notre microcosme universitaire, peu porte de l'intérêt à notre société et aux idées qui la traversent. Par rapport à la politique, il est clair que cela est entretenu, que ce soit pour les étudiants (qui à mon avis sont sensés être particulièrement réceptifs) et le reste de la population, par la langue de bois des hommes politiques, dont la crédibilité est devenue bien faible pour beaucoup d'entre eux.
Concernant l'école, je salut le paradoxe mis en avant par l'article, concernant les demandes du système d'éducation. Où l'on doit penser par nous même tout en restant attaché aux auteurs proposés. Est- il possible de faire plusieurs interprétations d'un même texte ? Où commence la sur-interprétation ? Qui décide que telle analyse est la bonne, et qu'une autre est moins valable ? De mon expérience, tenter de sortir des clous en proposant une pensée tout à fait originale n'est pas très bien perçu. On reconnaît généralement l'effort de réfléxion, mais on ne le récompense jamais qu'avec une maigre moyenne (un 10 quoi). Alors que s'appuyer sur des auteurs, et plus ils sont nombreux mieux c'est, plus on les site, plus on reprend leur pensée, et donc à mon avis moins on s'appuit sur notre propore réfléxion, alors meilleurs est la récompense. Si si c'est du vécu je vous dis. La réfléxion personnelle est accéptée pour les travaux d'invention, mais lorsqu'il s'agit de réfléchir sur le texte d'un autre, très rares sont les professeurs qui accèptent des idées autres que celles qu'ils connaissent déjà. Je dis rares mais je n'en ai pas rencontré, et croyez moi j'en ai eu un tat e professeurs différents. Bon alors je ne pense qu'aux professeurs de lettres, sûr qu'on ne pourra pas en dire autant d'autres matières.
Enfin voilà le point de vue d'un étudiant qui a eu sont bac L il y a un moment, avec un 15 en lettres, et je vous jure que jamais je n'avais autant sité l'auteur, jamais autant colé au texte, presque du par coeur je vous dis. -
Rabbitman
J'ai un peu de mal à voir l'intérêt pédagogique de la chose : s'il veut montrer qu'Internet est un outil où on peut trouver des choses fausses, il prend un très mauvais exemple, dans son expérience, la fausseté de l'information est factice et fabriquée de toutes pièces.
D'un point de vue logique, c'est extrêmement contestable, puisqu'il effectue une généralisation à partir d'un exemple qu'il sait lui-même ne pas avoir lieu d'être. En plus de la malhonnêteté du propos, il y a un double danger à cette méthode : on enseigne à ses élèves à établir une conclusion à partir d'une hypothèse invalide, ou on renforce leur croyance en l’infaillibilité d'Internet en devant prendre cet exemple pour le montrer.
Dans la démarche ce n'est quand même pas fondamentalement différent de faire un cours où on raconte n'importe quoi puis de blâmer les élèves de ressortir des énormités sans avoir recoupé leur sources. -
Camarlette
On peut aussi évoquer les changements introduits par le numérique dans les manières de corriger des enseignants : en ce qui me concerne, dès que je trouve un passage "suspect" dans un devoir (brusque changement de style par exemple), hop un petit coup de google et je tombe bien souvent sur le passage en question dans tel ou tel site...
J'ai l'impression qu'avant le numérique il était moins facile de trouver la source d'un plagiat. -
Kalium79
Autre expérience de pensée.
Nous sommes en 1992, Louis Bonod, professeur de français en première A1, trouve le moyen de pénétrer par effraction dans les ateliers de l'imprimerie Larousse (oui, internet balbutie, et les hacktivites sont encore au berceau) et, malicieusement, il insère à l'entrée Charles de Vion d’Alibray... Euh non, cette entrée n'existe pas dans le 55 000 noms propres du dictionnaire... Disons donc qu'à l'entrée François de Malherbe, notre professeur insère une phrase indiquant que, dans sa jeunesse, François de Malherb "écrivit à une certaine Mlle de Bonod un grand nombre de poème sans guère de succès, ce qui contribua à sa vision sévère de la poésie et du poète". A la rentrée suivante, il donne un texte de Malherbe à discuter. Que croyez-vous qu'il arrive ? Ses élèves, sans doute plus ignares que ceux de 20 ans auparavant, osent se servir de cet élément parfaitement faux tiré du dictionnaire pour éclairer le texte qu'on leur soumet. Bien évidemment, les correcteurs s'aperçoivent de la déprédation et corrigent (seulement l'année suivante) l'article. Les milliers de dictionnaires Larousse écoulés l'année précédentes ne sont ni repris ni échangés et on trouve encore aujourd'hui sur quelque étagère de bibliothèque un exemplaire où Mlle de Bonod inspira la poésie classique. Régulièrement, Louis Bonod, ressort d'ailleurs ce devoir de 1992 et s'amuse de voir, sporadiquement chez tel ou tel, renaître cette Mlle de Bonod. Ce n'est qu'en 2010, qu'il renoncera définitivement à l'expérience, ses élèves n'utilisant plus que Wikipedia où la mention de Mlle de Bonod insérée à l'édit 5239071, fut d'abord signalé comme non-sourcée puis définitivement supprimée après discussion dans la page idoine de l'article.
Je laisse chacun tirer la maxime de cette uchronie.
KN -
Salfra
J’ai mené une expérience très intéressante. Pendant des semaines, j’ai donné des photocopies de cours à mes élèves contenant des informations erronées au milieu de données sérieuses. J’ai glissé une consigne inepte dans un document méthodologique, j’ai inventé un auteur qui n’a jamais existé, avec une biographie plausible fondée sur des données historiques. Je suis allé au CDI, j’ai emprunté quelques livres dont j’ai soit interverti la cote, soit arraché des pages que j’ai remplacées par des articles de ma composition.
Ensuite, en classe, j’ai donné une bibliographie à mes élèves de manière à ce qu’ils privilégient les ouvrages trafiqués. Je n’ai pas oublié de falsifier les profils d’une œuvre car je savais que mes élèves seraient tentés d’aller y chercher des informations et je voulais multiplier les chances de les piéger.
Résultat : sur un devoir, 85% se sont servis des documents que j’ai donnés et 67% ont consulté les ouvrages que j’avais recommandés.
Ils ont été bien attrapés quand je leur ai montré que j’avais piégé leur parcours intellectuel depuis le début.
Depuis, je passe fièrement dans les couloirs de mon établissement scolaire et les élèves m’admirent parce qu’ils se rendent compte que je sais plus de choses qu’eux (c’est vrai que c’est important de le vérifier quand même).
Conclusion : les élèves ne sont pas assez matures pour suivre des cours et ils ne savent pas se servir d’un CDI. Il vaut mieux laisser cela aux adultes qui savent déjà. Je pense que l’on ne devrait pas envoyer les élèves à l’école jusqu’à ce qu’ils soient suffisamment cultivés pour y aller sans risquer d’écrire n’importe quoi.
NB C'est une connaissance qui s'est ainsi "lâchée" ; j'ai son autorisation pour "faire circuler" ... -
Joan38
Je me pose une question : pourquoi écrire un blog avec comme mots-clé : blog, modernité, absurdité, éducation, enseignement, école, monde, contemporain, réflexion, moderne, technologie, philosophie, merdonité" et comme description : "Parce que ce qui est moderne peut aussi être idiot..." ?
A mon époque, la Toile n'existait pas et les professeurs nous méprisaient parfois parce qu'on avait pas fait nos devoirs ou parce qu'on avait "oublié" son manuel scolaire. Ecrivaient-ils des articles dans des revues spécialisées pour démontrer que leurs élèves ne savaient pas penser par eux-même à cause de la télévision et du Club Dorothée ? -
Anthropia
Le problème des profs avec internet, c'est qu'ils ne savent pas l'enseigner, alors ils le subissent et le dénigrent.
Pourquoi ne pas enseigner aux élèves comment bien s'en servir, vérifier ses sources, détecter les leurres ? Voilà qui serait utile, plutôt que de contribuer à mettre du n'importe nawak sur la toile.
http://anthropia.blogg.org