Le poulailler filmé par L214 vidé sur décision du préfet

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L'élevage sera donc vidé, et ses poules très probablement abattues. Après les vives réactions suscitées par la publication par l'association L214 d'une vidéo montrant des poules entassées, déplumées, mortes ou en état de décomposition avancée dans un élevage de l'Ain, le préfet a exigé que les bâtiments soient vidés et nettoyés sous trois semaines. Une décision qui signifie l'abattage probable des 200 000 poules.

Cette fois, la vidéo ne sera pas restée lettre morte. Le préfet de l'Ain a demandé le 27 mai à ce que le Groupement agricole d’exploitation en commun (Gaec) du Perrat, dans l'Ain, soit vidé de ses animaux et nettoyé dans un délai de trois semaines. La préfecture précise dans son communiqué que la décision a été prise "sur instruction" des ministres de l'Environnement et de l'Agriculture, Ségolène Royal et Stéphane Le Foll, rapporte Le Monde.

L'exploitation était suivie depuis plusieurs années par les services départementaux (voir notre article sur le sujet), mais aucune réelle mesure n'avait été prise jusqu'à présent pour mettre fin à ces pratiques. Le déclencheur de la décision du préfet est une vidéo, postée le 25 mai par l'association de défense des animaux L214. On y voit des poules dans leurs cages, évoluant dans des conditions de confort et d'hygiène problématiques : déplumées, aux becs partiellement amputés sans anesthésie pour éviter les cas de cannibalisme, couvertes de poux, évoluant parmi les cadavres de leurs congénères en voie de décomposition, ou au dessus de mares d'asticots.

Extrait de la vidéo sur le GAEC du Perrat diffusée par L214 le 25 mai 2016

Extrait de la vidéo sur le GAEC du Perrat diffusée par L214 le 25 mai 2016

En 2013, l'association de défense des animaux L214 avait une première fois filmé les mauvaises conditions d'élevage au Gaec du Perrat, mais le gérant, alerté par une lettre de l'association, avait réussi à en faire interdire la diffusion. Trois ans plus tard, de nouvelles images tournées par l'association ont pu être publiées. Elles ont provoqué une réaction quasi-immédiate de Le Foll et Royal, ainsi que de la marque Matines, qui commercialisait les œufs en provenance de l'élevage incriminé.

La préfecture précise qu'elle sera "vigilante" quant "aux possibilités de réembaucher localement les employés de l’exploitation", une vingtaine au total. Le doute subsiste en revanche sur le sort des 200 000 poules et 150 000 poulettes du Gaec. Si le préfet indique qu'elles "seront abattues ou vendues à des tiers", le directeur départemental de la protection des populations, lui, laisse moins de doute sur leur sort : "Soit l’exploitant vend ses poules à un abattoir, soit elles seront euthanasiées, à moins qu’il ne trouve un autre élevage pour les accueillir, mais cela reste hautement improbable", assure ainsi Laurent Bazin. Des associations de défense des animaux se sont manifestées pour en recueillir certaines.

Pour en savoir plus sur L214 et son combat pour la fermeture de ce poulailler géant, replongez-vous dans notre article. Et pour une analyse du traitement médiatique de l'antispécisme, revisionnez notre émission avec Aymeric Caron et Eros Sana : "Il y a quelques années, les images d'abattoirs auraient laissé indifférent".

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