Le photographe du FN qui "aime" des publications néonazies (Rue89)

Juliette Gramaglia - - 0 commentaires

Photographe des meetings de Marine Le Pen, et amateur de blagues antisémites.

D'après une enquête de Rue89, Laurent L., photographe d'une vingtaine d'années, très présent ces dernières semaines auprès de la candidate du FN, se cache sur Facebook derrière le pseudo Alex Vril pour "liker" des pages et images néonazies.

Article de Rue89, 2 mai 2017

Le photographe n'a jamais été un élu FN, mais a figuré comme "remplaçant" dans un canton lors des départementales de mars 2015, en Val-de-Marne. Depuis le début de la campagne, il est admis "dans le premier cercle de la candidate, lors de tous ses déplacements", raconte Rue89 et on peut l'apercevoir dans plusieurs vidéos de déplacements de Le Pen, que ce soit à Rungis (où la candidate a reçu quelques tomates), dans une chocolaterie à Chalezeule (Doubs), ou encore lors d'un déplacement dans le Gers en mars. Il y prend en photo Le Pen pour "alimenter les réseaux sociaux", le tout "sous l'étiquette" de la société de communication e-politic dont Frédéric Châtillon, ami intime de Le Pen et ancien du GUD, mis en examen dans l'enquête sur un possible financement illégal organisé par le FN pour ses campagnes électorales depuis 2011 au travers de sa société Riwal, est le deuxième investisseur.

Sur Facebook, Laurent L. devient donc Alex Vril, dont la photo de profil ressemble trait pour trait au photographe. Et il ne cache pas ses opinions, expliquent les journalistes de Rue89 Nolwenn Le Blevennec et Juliette Montilly : "ce qui nous a mis la puce à l'oreille, c'est sa photo de couverture". Une capture d'écran de la première version Disney des Trois petits cochons. On y voyait le loup, déguisé en colporteur, longue barbe noire, gros nez et accent yiddish, essayer d'entrer dans la maison des trois petits cochons. Une scène qui, après la seconde guerre mondiale, avait été transformée a posteriori, car renvoyant aux caricatures antisémites des années 1930.

Capture d'écran du profil d'Alex Vril, par Rue89

Des pages facebook ouvertement néonazies

Mais surtout, ce sont les pages Facebook sur lesquelles s'active Vril qui ont interpellé les journalistes de Rue89. Comme les pages néonazies "Natiocratie", dont la photo de profil montre une statue masquant (à peine) une croix gammée sur fond nuageux. Des pages où "les membres discutent «beauté aryenne» et «homogénéité ethnique», écrit Rue89, encensent la Waffen-SS [corps militaire pour recrues étrangères, ndlr] et se parlent à base de citations de Himmler". Vril y "aime" des photos de soldats nazis et de défilés des Jeunesses hitlériennes, mais aussi des "blagues" sur les Juifs. Sur une autre page, "Ghettoinfini", il a par exemple "aimé" la publication, assez peu claire au demeurant : "Tu sais que t'es dans le ghetto quand tu regardes un documentaire animalier sur les poissons avec ton pote et qu'il te sort : "en fait, les anchois, c'est un peu les juifs de la mer". Sur une autre page, il n'a pas hésité à "aimer" la courte biographie de Maximine Portaz, aussi appelée Savitri Devi, présentée notamment comme une "théoricienne d'un néonazisme mêlé d'hindouisme".

Capture d'écran de la page "Natiocratie", par Rue89

Interrogé par Rue89 sur ce profil Facebook, le jeune photographe n'a "pas démenti", explique le site, mais a répondu : "N'importe qui aurait pu prendre une photo de moi et la mettre sur son profil". Certes, rétorquent les journalistes, mais "les personnes qui aiment les publications Facebook d'Alex Vril sont aussi ses vrais amis dans la vie (plusieurs photos en attestent)". Et plusieurs autres employés d'e-politic, des collègues du photographe dans la campagne de Le Pen, ont aussi été retrouvés par Rue89 dans certaines publications provenant de ces pages néonazies.

Ce jeudi, la photo de profil d'Alex Vril avait changé : on voit le photographe poser pour un selfie avec Emmanuel Macron ("il se moque de ses adversaires", assure Rue89). La photo de couverture, elle, a été supprimée : ne reste plus qu'un fond noir.

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