Le Monde : les journalistes refusent une réduction des congés
David Medioni - - 0 commentaires"Pas touche à nos congés". C'est en substance le message envoyé à la direction par 95 % des salariés du Monde lors d'un scrutin interne, vendredi 28 juin. Son objet : contester le projet de réduction du nombre de jours de congés présenté par les dirigeants du groupe comme une "harmonisation des statuts des rédactions du Monde". Ambiance électrique.
"Une claque", "un raz-de-marée", ce sont les deux expressions qui reviennent lorsque l'on interroge les journalistes du Monde ou du Monde.fr au sujet du résultat d'un vote inédit au sein de la rédaction, vendredi 28 juin. Le scrutin portait sur l'un des projets de la direction du groupe qui a pour objet d'"harmoniser les statuts des rédactions" du Monde. Et dans cette harmonisation, il est prévu une discussion sur le nombre de jours de congés des salariés de la SEM (Société éditrice du Monde) et de ceux du MIA (Monde Interactif). Actuellement, les premiers en ont 66 (RTT comprises) et les seconds en ont 58 Mais pourquoi donc les syndicats du Monde ont-ils décidé d'organiser ce vote où il était demandé aux salariés de la SEM de répondre à la question suivante : "Approuvez-vous le projet de la direction de nous supprimer 16 jours de congés" ? et pour ceux du MIA à la même question mais avec "8 jours de congés ". Le résultat a été sans appel : avec une forte participation (65,8%), 95 % des salariés ont dit non au projet. |
Ce résultat a été annoncé sur twitter, vendredi après-midi, par un tweet de Sylvia Zappi, journaliste au Monde, et déléguée CFDT.
Mais pour comprendre ce vote, il faut remonter au début de semaine. Lundi, les organisations syndicales et la direction sont en train de discuter du projet d'accord "qualité de vie au travail". Plusieurs sujets sont à l'ordre du jour, et notamment l'harmonisation des statuts entre journalistes du print et journalistes du web. C'est un vieux sujet au sein du journal. Les salariés du web sont moins payés et ont moins de jours de vacances que ceux du "print". La direction propose ce jour là de diminuer les jours de vacances. Les représentants syndicaux quittent la table, organisent une Assemblée générale mardi au cours de laquelle ils reçoivent le soutien des salariés. Dans la foulée, est prise la décision d'organiser le scrutin de ce vendredi.
"Ces vacances sont une partie de notre salaire"
"Les salariés du papier sont aux 35 heures. Mais quand l'accord a été signé en 1999, des jours de vacances ont été attribués en plus pour que la rédaction ne soit pas désorganisée", décrypte une journaliste. Elle poursuit : "les salariés du web, eux, ont un "forfait jour" de 203 jours qui doivent être travaillés chaque année". "La proposition de la direction est étonnante car elle est faite sans contrepartie salariale alors que l'accord 35 heures prévoyait notamment un gel des augmentations indicielles. Ces vacances sont une partie de notre salaire". "Pis, tout cela s'est fait un peu à la va vite", détaille un autre journaliste. Ainsi, les salariés de la SEM ont 66 jours de congés et passeraient à 50 si le projet était adopté, ceux du MIA passeraient de 58 à 50 jours.
Un document interne avait été envoyé aux salariés pour expliquer un peu la démarche. Il est signé de Louis Dreyfus, le PDG du groupe le Monde et de Natalie Nougayrède, la directrice des rédactions. Il est lisible ici. En substance, la direction justifie cette demande de modification des jours de congés par la nécessaire "mise en place d’une organisation bi-média", et par le fait que la situation économique ne permet pas de mettre en place une nouvelle organisation par "recours à l'augmentation des effectifs".
Contactée par @si, la direction n'a pas souhaité faire de commentaires quant au résultat du scrutin.