Le Monde : Fenoglio retoqué, Van Kote démissionne

Justine Brabant - - 0 commentaires

Un favori non élu, et un directeur par intérim qui jette l'éponge : rien ne va plus au Monde. Pressenti par les actionnaires du Monde pour devenir le directeur du journal, Jérôme Fenoglio n'a remporté mercredi que 55% des voix de la rédaction - il lui en fallait 60% pour être nommé. Le directeur du journal par intérim, Gilles Van Kote, qui soutenait sa candidature, a annoncé sa démission dans la foulée. Un an après la démission de Nathalie Nougayrède, le quotidien est toujours sans directeur.

"Fier d'avoir été directeur du Monde !" C'est par ce tweet sibyllin que le directeur par intérim du Monde Gilles Van Kote a annoncé sa démission, jeudi. Le journaliste occupait ce poste depuis la démission de Nathalie Nougayrède, il y a un an. L'événement qui a précipité la démission de Van Kote : la non-élection de Jérôme Fenoglio au poste de directeur du journal. Fenoglio n'a pas recueilli, mercredi, lors du vote organisé par la société des rédacteurs du Monde (SRM), les 60% de voix nécessaires pour être élu à ce poste.

À lire les portraits qui lui étaient consacrés ces derniers jours, l'élection de ce "pur produit du journal" ne faisait pourtant guère de doute :Libé nous promettait qu'il était "en passe de conquérir Le Monde". "À 48 ans, dont vingt-quatre passés au Monde, ce pur produit du journal, littéraire passionné par les sciences, sait qu'il peut compter sur de nombreux soutiens", assurait de son côté l'AFP. Fenoglio, "actuel numéro deux de la rédaction, diplômé de l'Ecole de journalisme de Lille", "ne devrait pas rencontrer de difficultés", estimait également Stratégies. L'un des atouts de ce "gros travailleur" : avoir exercé des responsabilités à la fois pour le journal papier et pour sa déclinaison en ligne.

Fenoglio "en passe de conquérir le Monde" pour Libé
(12 mai 2015)

 

Fenoglio, "l"homme du Monde" pour l'Expansion
(12 mai 2015)

Pourquoi les journalistes du quotidien n'ont-ils finalement pas entériné le choix des actionnaires ? Sans doute parce que, précisément, ce choix était avant tout... celui des actionnaires. Dans un communiqué interne diffusé mercredi (et cité dans Le Monde d'aujourd'hui), la SRM relève que la candidature Fenoglio "a visiblement pâti de l’attitude des actionnaires, qui ont prolongé l’intérim au-delà du raisonnable et contourné la procédure qu’ils avaient eux-mêmes mise en œuvre." Contourné la procédure ? Une partie de la rédaction n'a en effet pas apprécié que le trio constitué par Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse déroge à la procédure de nomination qu'ils avaient eux-même fixée, en soumettant au vote le nom de Jérôme Fenoglio. Ce dernier ne s'était pas porté candidat, au contraire de trois autres journalistes : Christophe Ayad, chef du service International, Jean Birnbaum, responsable du Monde des livres, et... Gilles van Kote, directeur par intérim. Ce dernier évoque d'ailleurs, parmi les motifs de sa démission, en plus de la non-élection de Fenoglio, "la décision du Monde libre [la holding de Bergé, Niel et Pigasse] de ne pas retenir [s]a candidature au poste de directeur".

Cette démission, qui va précipiter la tenue d'un nouveau vote, donnera-t-elle une seconde chance à Jérôme Fenoglio ? Les actionnaires du journal semblent en tout cas le souhaiter : à peine une heure après l'annonce de la démission de Van Kote, on apprenait que le trio Bergé-Niel-Pigasse "appell[ai]t les journalistes du Monde à "considérer de nouveau les qualités de Jérôme Fenoglio, de son équipe et de son projet."

Mise à jour, jeudi 14 mai, 19h : ajouts de l'annonce de la démission de Gilles Van Kote, et de la réaction des actionnaires relayée par Arnaud Leparmentier.

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