Le Guardian et la bataille française de la burqa

Gilles Klein - - 0 commentaires

"Dans ma tête, je me prépare à la guerre à chaque fois que je mets le pied dehors." Cette citation d'une femme musulmane fait la Une du quotidien britannique The Guardian, qui consacre 5 pages à un reportage sur "la bataille de la burqa" et la loi française anti-voile intégral, qu'il semble critiquer.

"Depuis que la France a prononcé l'interdiction de la burqa en avril, il y a eu des attaques violentes contre des femmes portant le niqab et, cette semaine, les premières amendes pourraient être prononcées. Mais une contestation juridique de cette ligne dure pourrait ridiculiser l'Etat français", explique le chapeau de l'article.

"Les associations musulmanes signalent une augmentation inquiétante de la discrimination, de la violence verbale et physique contre les femmes voilées", assure le Guardian, avant de s'intéresser au témoignage d'une habitante d'Aulnay-sous-Bois.

"Ahmas, 32 ans, française, mère divorcée d'une fille de trois ans, met son sac sur la table et sort un spray au poivre et une alarme anti-agression. (...) La dernière fois qu'elle a été attaquée dans la rue, un homme et une femme l'ont frappée devant sa fille, traitée de putain et lui ont dit de retourner en Afghanistan."

Le quotidien souligne aussi que "malgré tout le tapage entourant l'interdiction du niqab, aucune femme n'a encore été condamnée pour en avoir porté un", et rappelle que "Sarkozy a été accusé de stigmatiser les femmes en niqab pour gagner des voix à l'extrême droite, mais la loi n'a pas réellement fait remonter sa cote de popularité."

Le journal cite Gilles Devers, avocat défendant les intérêts de sept femmes voilées (les seules qui ont engagé une action en justice, semble-t-il), qui évoque un recours devant la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) à Strasbourg, qui "pourrait contredire la loi et ridiculiser l'Etat français". Si la Cour donne tort à la France, la décision pourrait avoir un impact dans toute l'Europe, indique le Guardian, qui évoque une loi identique en Belgique. Tempérons tout de même : la CEDH n'est habilitée à juger une affaire que lorsqu'elle a été traitée par toutes les juridictions du pays où elle a été initialement jugée. Pour la France, il faudrait donc attendre le jugement de la Cour de cassation ou du Conseil d'Etat avant de porter le dossier au niveau européen.

On retrouve dans le quotidien britannique Kenza Drider, souvent apparue sur les écrans de télévision, en France et ailleurs, qui déclare, en conclusion de l'article, ressentir ce que les femmes juives ont vécu à l'époque nazie.

L'article est critique de la loi française, mais peut-être moins que l'éditorial publié par le New York Times en avril dernier.

Un nouvel élément pour notre dossier Voiles, burqas : danger inflammable

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